La France est un peu nue. Nous ne savons ni si les difficultés présentes persisteront, ni si d'autres se manifesteront. Or, notre niveau d'endettement et de dépense publics affaiblit désormais nos marges de manœuvre. L'exposition au risque d'un relèvement insupportable des taux d'intérêt devient également évidente. Il nous faut donc agir. Vous nous y engagez. Les réformes que vous appelez de vos vœux, nous les connaissons bien. L'originalité serait de les mettre enfin en œuvre.
Voudriez-vous nous rappeler le montant exact, en milliards d'euros, de l'augmentation des dépenses courantes en 2020 et 2021, hors crise sanitaire, plans d'urgence et de relance ? Il n'est pas aisé de délimiter ce périmètre.
Les principaux agrégats du PSTAB pour les années 2021 à 2027 ne sont, d'emblée, pas respectés. Vous appelez à une loi de programmation, mais une telle norme ne présente pourtant d'intérêt que si elle s'impose comme un repère à l'ensemble de la sphère publique. Avec le rapporteur général, nous défendrons une proposition de réforme de la LOLF qui insistera sur l'importance de la programmation pluriannuelle, ainsi que sur sa capacité à orienter les finances et l'action publiques.
Vous suggérez d'entreprendre les efforts à partir de 2023. Je crois possible d'engager l'action dès maintenant, à condition de bien la proportionner aux situations que nous avons tous à l'esprit : la nécessité sociale, le calendrier électoral et l'indispensable relance.
Pour nombre d'observateurs, quoique nécessaire, le retour de la croissance ne suffira pas. La maîtrise de la dépense publique apparaît comme décisive. Sollicitée au titre du 2° de l'article 58 de la LOLF, la Cour remettra prochainement ses conclusions sur les dépenses publiques engagées pendant la crise sanitaire. Nous en auditionnerons les auteurs début septembre.
Je suis favorable à une revue des dépenses. Dans un ordre d'idée comparable, notre commission a procédé en 2021 à un « printemps de l'évaluation ».
Enfin, la question de l'endettement ne porte pas fondamentalement sur la crise sanitaire. Elle ressortit plutôt à la propension à accumuler, absolument tous les ans, de la dette courante supplémentaire. Ce constat semble incompatible avec les exigences du renforcement de la croissance économique nationale et du déploiement d'actions de souveraineté.