Le Premier président de la Cour des comptes a indiqué par voie de presse que le rapport d'audit sort du champ purement financier et prend en compte la réalité économique. Politique, ce document adoube la stratégie financière du Gouvernement, par exemple sur les questions des retraites, des dépenses publiques et de leur gouvernance.
J'exprime mon désaccord total.
S'agissant de la gouvernance à partir d'une norme de dépense pluriannuelle, je m'oppose à une nouvelle remise en cause de la souveraineté démocratique du Parlement. Notre politique monétaire dépend déjà de la BCE et la Commission européenne décide de notre politique industrielle et de concurrence.
Les principes de l'ONDAM s'étendraient à l'ensemble des finances publiques. Or, l'idée d'adapter les besoins à un budget voté, et non plus de décider un budget à la mesure des besoins, a été une catastrophe en matière de santé publique et je pense que cela sera la même chose en matière budgétaire.
J'estime que la Cour a tout faux dans la réalité économique qu'elle avance. Le problème impérieux des banques centrales, qui explique le maintien de taux bas, ne me paraît pas celui de la réduction des déficits, mais celui de l'affaiblissement structurel et durable de la croissance. Vous notez d'ailleurs qu'à elle seule, la croissance ne saurait résoudre la question du déficit.
Nous pensons que, perpétuelle, la dette peut faire l'objet d'une annulation. J'ai toujours plaisir à rappeler que, le 17 avril 2020, le président Éric Woerth affirmait que la dette était quasi éternelle et que personne ne la rembourse jamais. Je souscris à ces propos lucides…