En tant que présidente de la commission d'enquête relative à la mainmise des intérêts privés sur la ressource en eau, je reviens d'un déplacement en Guadeloupe, qui connaît une situation de l'eau catastrophique, et où il a beaucoup été question de vous. 65 % de la ressource s'y perd à cause de fuites. La population voit son droit à l'eau bafoué quotidiennement.
La Générale des eaux, filiale de Veolia, a géré l'eau en Guadeloupe pendant plus de soixante ans, avant de se faire la malle au moment où, étrangement, la situation commençait à sentir le roussi. La vétusté du réseau lui est reprochée, de même que des malfaçons dans certaines stations d'épuration, un logiciel de facturation défaillant, et une base de données clients incomplète, transmise telle quelle aux collectivités locales ayant repris la main. Veolia a encaissé, lors de son départ, un chèque de 14 millions d'euros, après la signature, avec les élus, d'une clause de non-poursuite en justice.
Vous nous avez envoyé, lors des auditions de la commission d'enquête, l'un de vos consultants, qui a reporté la responsabilité de la situation sur les élus et les consommateurs ne réglant pas leurs factures, exemptant Veolia de tout blâme. Permettez-moi de douter qu'il en soit ainsi. La Guadeloupe ne vous semble-t-elle pas l'exemple le plus convaincant pour ne jamais confier une ressource aussi vitale que l'eau à une multinationale ?
Combien de bénéfices la Générale des eaux a-t-elle versé à Veolia ? Combien de dividendes les actionnaires ont-ils perçus ? Qui, de Veolia ou de Suez, récupérera les activités de Suez outre-mer ?