Intervention de Éric Alauzet

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Alauzet :

Je souhaite vous interroger à propos de deux enjeux cruciaux pour la Banque de France : le climat et l'inflation. Pour être plus précis, ma question porte sur la « triangulation » entre risque climatique, investissements dans les énergies fossiles, stabilité financière et stabilité des prix – et ce, malgré vos prévisions d'inflation rassurantes à ce stade.

La première bonne nouvelle que je souhaite mentionner concerne la décision des six grandes banques françaises de cesser d'investir dans les entreprises dans lesquelles la part des énergies non conventionnelles telles que les sables bitumineux, le pétrole et le gaz de schiste serait supérieure à 30 %. La seconde bonne nouvelle est la décision de la Banque centrale européenne de réaliser un premier test de résistance bancaire visant à évaluer l'exposition du secteur financier aux risques écologiques.

À ces deux bonnes nouvelles s'ajoutent deux mauvaises nouvelles. Tout d'abord, nous constatons que les actifs collatéraux de la BCE sont très majoritairement investis dans les entreprises très intensives en carbone. En outre, la BCE considère que notre modèle économique peut être déstabilisé par la multiplication des catastrophes naturelles, par des déséquilibres écologiques aux conséquences difficilement prévisibles telles qu'une épidémie, ou par une transition écologique plus rapide que prévu accompagnée de destructions coûteuses ainsi que d'une raréfaction et d'un surcoût des ressources.

Comment expliquez-vous que la BCE puisse gérer cette contradiction entre, d'un côté, la volonté d'anticiper un risque financier en organisant un stress test climatique du secteur financier et, de l'autre, l'acquisition de titres de trente-huit entreprises qui promeuvent les énergies fossiles, dont cinq majors pétrolières et gazières – Shell, Total Énergies, Repsol, Eni, OMV – qui développent de nombreux nouveaux projets de production pétrolière et gazière ?

Par ailleurs, la Banque de France s'oppose déjà officiellement, en tant qu'investisseur, à tout nouveau projet d'énergies fossiles – vous avez rappelé votre engagement à ce sujet. A-t-elle l'intention de défendre cette position sur le plan européen en demandant l'exclusion des entreprises développant ces nouveaux projets des achats d'actifs et de la liste des collatéraux de la BCE ?

Enfin, le risque climatique, que la BCE souhaite tester dans le secteur financier en raison de la multiplication des événements climatiques et d'une transition écologique accélérée, est-il suffisamment pris en compte dans vos modèles d'anticipation de l'inflation ?

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