Voulait-on relancer la société d'avant, en aggravant les injustices et la pollution ? Plutôt qu'un plan de relance, nous voulions, nous, un plan de réorientation, de bifurcation. Le plan, dépourvu de colonne vertébrale, procède à un saupoudrage : il comprend 113 actions, certains milliards semblent ne pas être consommés, d'autres passent d'un budget à l'autre dans le plus grand flou.
La rénovation thermique des bâtiments aurait pu constituer sa colonne vertébrale. On dit en effet qu'il faudrait 700 000 rénovations par an, alors que la moyenne annuelle s'établit à 18 000 sur la dernière décennie. Or les dispositifs complémentaires, tels que MaPrimeRénov', ne répondent pas du tout aux enjeux. La Cour des comptes indique elle-même que MaPrimeRénov' permet de réaliser des travaux « simples et souvent uniques tels que le changement de chauffage ou l'isolation des fenêtres, ce qui ne favorise pas le bouquet de travaux complémentaires qui permettrait souvent d'éliminer les passoires thermiques », ajoutant qu'« aucun gain de consommation énergétique minimal n'est requis ».
S'il s'agit de la mesure phare en matière de rénovation énergétique, on n'y est pas ! Pourtant, investir des euros dans ce type de travaux, c'est « gagnant-gagnant-gagnant » : gagnant pour les ménages, puisque leur facture est allégée et leur logement plus confortable, gagnant pour la planète, puisque le chauffage domestique consomme presque la moitié de l'énergie, et gagnant pour l'indépendance du pays, notamment lorsque les prix de l'énergie flambent. Qui plus est, ce sont les ménages les plus modestes qui subissent cette hausse des coûts, puisque l'énergie est une dépense contrainte qui représente 15 % de leur budget, contre trois fois moins pour les déciles les plus aisés.