Nous dénonçons la réduction de la culture à un secteur non essentiel. L'instauration d'un pass sanitaire a de graves conséquences économiques : en juillet et en août, les ventes de billets étaient en recul, par rapport à 2019, de 75 % pour les festivals, 56 % pour les concerts, 50 % pour les théâtres et plus de 80 % pour les cabarets. Une baisse de 78 % est attendue pour les concerts debout. L'Opéra de Paris observe également, après trois mois de commercialisation, une baisse de près de 20 % des ventes pour la saison à venir. Pour le patrimoine, c'est à peu près pareil. La pratique de toutes les activités culturelles est subordonnée à la présentation d'un pass. Des familles ne peuvent plus emmener leurs enfants pratiquer la musique ou le dessin, faute de pass, et les adolescents sont exclus à partir de 12 ans s'ils ne sont pas vaccinés.
Le pass sanitaire remet en cause le principe de liberté d'accès aux bibliothèques. Comment le Gouvernement peut-il justifier que l'accès à une librairie ou un commerce reste libre tandis que l'accès à une bibliothèque ou une médiathèque dépend de la présentation d'un pass sanitaire valide ? Les bibliothécaires de plusieurs petites et grandes villes ont déjà exercé leur droit de grève afin de dénoncer l'exclusion des publics précaires et parce qu'ils refusent le rôle de filtrage qui leur est imposé.
Autre incohérence : l'accès aux bibliothèques universitaires, à la Bibliothèque publique d'information, à la Bibliothèque nationale de France et aux bibliothèques spécialisées n'est pas soumis à l'obligation de présenter le pass sanitaire. La raison invoquée est que ce sont des bibliothèques de recherche et qu'elles accueillent des étudiants. Mais, depuis le 30 septembre, les enfants, dès 12 ans, doivent présenter un pass sanitaire pour accéder aux bibliothèques dans lesquelles ils se rendent, eux aussi, pour étudier.