Le groupe Socialistes reconnaît bien volontiers la hausse continue du budget de la culture, qui atteint 8,2 % cette année. Mais nous restons vigilants quant à l'affectation précise des crédits supplémentaires. Cela a été dit, le secteur a particulièrement souffert de la crise sanitaire, et si 2020 a été une année blanche, marquée par la perte de 11 milliards, 2021 le sera également. La crise n'a fait que mettre en évidence des difficultés et des fragilités antérieures. Les syndicats du secteur n'attendent pas de reprise avant le troisième trimestre 2022.
Ces données nous obligent à penser le financement du secteur de manière pérenne. Si les aides transversales et sectorielles ont permis de sauver le monde de la culture, le temps n'est pas venu de décélérer : il faut continuer d'accompagner ce milieu très fragilisé.
Certains crédits sont toutefois concentrés sur des projets politiques qui soulèvent des interrogations. Le pass culture, projet phare du Gouvernement, coûtera pas moins de 140 millions en mesures nouvelles, auxquels il faut ajouter une reconduction des 59 millions de dotations inscrites en 2021, soit 199 millions pour cette seule mission. Ce budget est en partie destiné à une consommation immédiate et de courte durée, alors que ses objectifs sont la transmission des savoirs et la démocratisation de la culture. En comparaison, les moyens de l'éducation artistique et culturelle augmentent seulement de 1,5 million alors qu'elle s'adresse à bien plus de jeunes et sur un temps beaucoup plus long.
Je souscris aux propos de Gilles Carrez concernant les moyens de l'INRAP, qui retarde les fouilles archéologiques et, par conséquent, la reprise de l'activité économique dans nos territoires.
Ce budget est certes musclé mais nous doutons des effets concrets qu'il aura sur la démocratisation culturelle et sur le soutien aux artistes sur un temps long. C'est pourquoi le groupe Socialistes et apparentés s'abstiendra.