Je partage le point de vue exprimé par Bénédicte Peyrol et Marie-Christine Dalloz. D'une certaine manière, le PIA est un naufrage. Le programme avait été créé dans l'enthousiasme : on allait faire autrement ! Mais les crédits partent dans tous les sens, notamment dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement supérieur. On pourrait aussi bien abonder les budgets du ministère de l'éducation nationale et de celui de la recherche et de l'enseignement supérieur. C'est incompréhensible ! De surcroît, il n'y a quasiment pas d'évaluation – le PAP ne contient que très peu d'informations. On doit pouvoir, comme le comité Cœuré, chargé du suivi des mesures économiques d'urgence, procède à une évaluation in itinere des crédits, au moins essayer d'avoir une idée des retombées des investissements d'avenir sur la croissance à long terme. L'objet du PIA, c'est de stimuler la croissance, pas de boucher des trous dans la vie quotidienne des services.
Il pourrait s'agir d'une mauvaise communication, mais je crois que le problème est beaucoup plus profond. Il y a un énorme problème d'organisation. En dehors du rapporteur général et de la rapporteure spéciale, peu de gens y comprennent quelque chose. Les crédits s'enchevêtrent, au point qu'on ne sait plus à quel PIA ils se rattachent. Ce dispositif se trouve broyé dans l'univers des dépenses publiques françaises.
J'ai été heureux de la présentation de France 2030, non pas pour me réjouir d'un dispositif supplémentaire, mais parce que le Président de la République a bien vu que des questions de gouvernance se posaient. J'espère que l'on va complètement remettre à plat le reliquat des crédits, qu'il ne faudra pas utiliser sans ligne directrice solide, et que France 2030 ne sombrera pas dans cette bureaucratie inutile, coûteuse et dangereuse.