Nous aimerions savoir si le Gouvernement compte utiliser cette mission pour lancer son plan France 2030, doté de 30 milliards sur cinq ans, soit 6 milliards par an – autant qu'avec les 60 milliards injectés depuis dix ans dans le PIA. On peut penser que la mission Investissements d'avenir, dans une sorte de continuité, financera ce plan, qui n'aura donc plus rien d'exceptionnel, d'autant que les 30 milliards pourraient recouper des annonces plus anciennes – on ne sait pas très bien, en réalité.
L'avenir dont il est question, c'est plutôt le futur antérieur, un futur qui a été fantasmé dans les années précédentes, une quête de rupture technologique qui tend à transformer la recherche en business. On court après des technologies émergentes, dans des secteurs stratégiques qui ne sont pas en phase avec les besoins actuels.
Ce n'est pas tant dans le nucléaire, fût-il issu de petits réacteurs, qu'il faut investir, mais plutôt dans les énergies renouvelables ou dans un véritable plan de rénovation thermique ; non pas dans des avions bas-carbone ou des flottes de voitures électriques, mais dans le ferroviaire ; non pas dans la génétique et la robotique, pour une alimentation saine, mais dans une agriculture raisonnée… Votre plan d'avenir prépare le monde d'avant : c'est la contradiction que nous souhaitons soulever.