Sachez, chers collègues, que c'est avec beaucoup de plaisir que je m'exprime en ce lieu, au nom du groupe Agir ensemble, à l'occasion de l'examen de textes présentés dans le cadre de sa première niche parlementaire. Nous sommes réunis pour débattre d'un texte auquel je suis sensible, étant attaché, comme chacun ici, à la langue française et aux diverses façons de réciter sa mélodie, sur notre territoire et dans le monde. Je tiens à remercier M. le rapporteur de la qualité de ses travaux et de ses propos introductifs, qui ouvrent le débat sur un sujet bien plus sérieux et sensible qu'il n'y paraît, dès lors qu'il concerne plus de 30 millions de nos concitoyens. Député du Nord, très certainement déjà trahi par quelques-unes de mes intonations, je connais suffisamment les stéréotypes attachés à l'accent de ma région pour m'interdire de l'aborder avec légèreté.
Nombreux sont ceux qui rangent les accents dans la catégorie du folklore, à tort. Ce faisant, ils occultent la souffrance vécue par celles et ceux qui, en dépit de leur maîtrise de la langue commune, sont réduits à leur seule façon de la prononcer. Altérer l'identité d'une personne en fonction de son accent amène bien souvent à obstruer sa carrière professionnelle et son développement personnel.
L'accent devient alors une question de société, dont il est légitime que le législateur s'empare. Tel est l'objet de la présente proposition de loi, qui vise à inclure l'accent parmi les motifs de discrimination réprimés par le code pénal et par le code du travail. Le groupe Agir ensemble a pris note des reproches formulés à l'encontre du texte, notamment ceux déplorant son caractère exclusivement répressif. Le titre du texte sera modifié en conséquence par un amendement du rapporteur. Par-delà la proposition de loi, nous souhaitons favoriser un changement des mentalités en matière de perception des accents. Il s'agit du premier jalon d'un processus qui n'aboutira, hélas, que dans le temps long.