Nous sommes en train de créer une accoutumance coupable au passe sanitaire, qui a certes montré son efficacité pour atteindre un niveau élevé de vaccination mais qui va à l'encontre d'un grand nombre de nos principes.
Ce geste qui, pour des millions de nos concitoyens, semble anodin, implique pourtant la discrimination de tous ceux qui n'ont pas l'état de santé requis selon les pouvoirs publics. Comment pouvons-nous laisser durablement près de 7 millions de Français non vaccinés à l'écart de lieux de vie du quotidien ? Sommes-nous devenus incapables de vivre avec des personnes qui ne pensent pas ou qui n'agissent pas comme nous ?
Le respect des opinions minoritaires par l'opinion majoritaire est l'un des fondements de la démocratie, faute de quoi, c'est la « tyrannie de la majorité » qui s'applique, pour reprendre la formule de Tocqueville.
Vous endossez une responsabilité historique en normalisant une telle discrimination alors que le niveau de l'épidémie est au plus bas. Avec une demande toujours plus forte de sécurité sanitaire de la part de la population, cette brèche ouvrira une nouvelle ère dans le rapport de la société avec la maladie. Jusqu'ici, les maladies étaient considérées comme des événements naturels ; les êtres humains en étaient atteints sans que leur responsabilité soit pour autant engagée. Demain, chacun devra se soucier d'être protégé de telle ou telle maladie pour aller au restaurant ou au cinéma et se souciera de savoir si ses voisins le sont également.
Il convient plutôt de mettre un terme, dès le 15 novembre, à l'utilisation du passe sanitaire et de limiter le régime transitoire au 14 février 2022.