Tous les outre-mer ont mesuré, dès le début de la crise sanitaire, l'impact de cette dernière sur leurs économies, lesquelles sont totalement dépendantes des flux aériens et maritimes.
La ministre des Outre-mer de l'époque, madame Girardin, avait reconnu, en réponse à une question du groupe GDR posée dans les premières semaines de la crise, que le coût du fret aérien avait été multiplié par deux, voire par trois. En effet, la plupart des compagnies aériennes avaient perdu 90 % de leurs passagers, dont les billets financent à 60 % le fret aérien. Or, à part attendre le retour des passagers, la ministre n'avait proposé aucune solution pour remédier à cette situation. Pourtant, celle-ci porte préjudice au pouvoir d'achat des populations, dont le coût de la vie est déjà particulièrement élevé. Les entreprises sont elles aussi fragilisées : elles ont de plus en plus de mal à supporter les surcoûts liés à leur approvisionnement. C'est leur survie qui est en train de se jouer.
Désormais, et alors même que la reprise est plus puissante que prévu – sauf en ce qui concerne le tourisme –, c'est le fret maritime qui se trouve complètement désynchronisé dans le monde entier. Parmi les éléments de la réaction en chaîne qui en découle, citons la désorganisation du rythme de travail entre les partenaires économiques ; la pénurie de conteneurs, dont le prix a été multiplié par quatre en raison d'une demande trop forte et de la pénurie des matériaux nécessaires à leur fabrication ; l'embouteillage à l'entrée de certains grands ports maritimes en raison de la baisse du trafic dans d'autres, ce qui accroît le temps d'attente et entraîne une nouvelle augmentation des coûts du transport, et donc du prix des marchandises.
Ces répercussions sont démultipliées dans les outre-mer, où l'ensemble des secteurs d'activité est entièrement dépendant du trafic maritime. Le défi auquel nous sommes confrontés consiste à limiter les effets de cette désorganisation mondiale pour qu'elle ne se traduise pas par une énième augmentation des prix, dont le niveau est déjà insupportable dans les outre-mer. Il faut également éviter que la situation de nos entreprises ne se dégrade davantage, d'autant qu'elles sont confrontées à la pénurie de matières premières et à la hausse du coût de ces dernières. Or certaines entreprises se trouvent dans des situations ubuesques. Je pense notamment à celles qui ont réussi à supporter le choc de la crise mais se voient refuser le bénéfice du fonds de solidarité renforcé pour les mois d'août et de septembre à cause de leur taux de bénéfice du mois précédent. Il ne faudrait pas que leur bonne gestion se retourne contre elles.
La réponse qui nous a été servie concernant le fret aérien – attendre que cela passe – n'est plus supportable, tant pour nos populations que pour nos entreprises.