« Le ministère de l'intérieur est aussi le ministère de l'humanitaire » déclarait Marlène Schiappa après son opération de communication à Calais. Ce ministère de l'humanitaire, en 2020, a dépensé plus de 86 millions d'euros dans la mobilisation des forces de l'ordre pour la chasse aux migrants, contre 24 millions pour l'hébergement des personnes. Ce même ministère nie farouchement que des policiers, gendarmes et sociétés mandatées par la préfecture lacèrent des tentes d'exilés avec des couteaux et confisquent leurs affaires, tandis que le préfet interdit toute distribution d'eau et de nourriture. Vous ne pouvez pas le nier, monsieur le ministre, car Manon Aubry, Ugo Bernalicis et moi-même avons été verbalisés en septembre 2020.
Le ministère de l'humanitaire, dites-vous, alors que, depuis des mois, des journalistes, comme Louis Witter, rapportent des entraves à leur liberté d'informer, refoulés loin des scènes d'évacuation des campements, et que les associations subissent le même traitement, mêlant perquisitions et harcèlement policier.
Le ministère de l'humanitaire, celui qui, sur la base d'accords insensés avec le Royaume Uni, militarise à outrance la frontière à coups de barbelés et de grillages, et autres équipements tels que capteurs de CO2, détecteurs de rythme cardiaque ou drones.
Hussein, Shahwali, Maryam Nuri et vingt-quatre autres personnes sont mortes au large de Calais. Voici le bilan mortifère de votre politique migratoire. Quand comprendrez‑vous que le durcissement répressif envers les exilés et ceux qui leur viennent en aide renforce l'emprise des passeurs sur les traversées ? Quand allez-vous agir pour que votre prétendu ministère de l'humanitaire ne soit plus synonyme de cimetière à nos frontières ?