Monsieur le rapporteur, c'est non pas une courte majorité, mais deux tiers des Guadeloupéens qui ne pourront plus aller au restaurant, dans un bar ou au cinéma, si le passe vaccinal est appliqué le 15 janvier prochain.
Selon vous, monsieur Larrivé, l'adoption de cet amendement serait un mauvais signal adressé à nos concitoyens de Guadeloupe, qui ont tout autant le droit d'être protégés que ceux de l'Hexagone. Or le mauvais signal leur a déjà été envoyé : depuis des années, et cela s'est encore aggravé avec la crise sanitaire, ils vivent sous un régime de tours d'eau, c'est-à-dire qu'il y a de l'eau au robinet seulement à certaines heures de la journée. Certaines femmes m'ont écrit qu'elles n'avaient de l'eau que le dimanche, alors que leur facture d'eau s'élevait à 1 000, 2 000 ou 3 000 euros. Malgré les amendements que nous avions présentés, on refuse de déclencher le plan ORSEC eau potable, qui permettrait aux gens d'avoir accès à l'eau. Faut-il rappeler que le lavage des mains est l'un des premiers gestes barrières ?
Il en va de même sur la question du chlordécone. Celui-ci a été interdit en 1990 seulement et une dérogation a été accordée pour les Antilles jusqu'en 1993, alors que tout le monde en connaissait les dangers depuis 1967 au moins. Il en résulte des cas d'infertilité féminine, des cancers, des malformations. Certes, ce n'est pas nous qui avons créé cette situation, mais nous ne pouvons pas faire comme si elle n'existait pas.
Je ne me réjouis pas du fait que 35 % seulement de la population soit vaccinée en Guadeloupe. Mais là n'est pas la question ; on est en train de créer un chaos. J'ai bien entendu ce que vous avez dit, monsieur le rapporteur, monsieur Vuilletet : le préfet pourra prendre des dispositions sur le fondement de l'amendement de Mme Benin. Pour sa part, Olivier Serva propose d'inscrire dans la loi un critère à partir duquel le passe vaccinal – auquel je suis opposée – pourrait s'appliquer. Cela me semble conforme à notre rôle de législateur. Nous devons aussi répondre à une angoisse très forte des Guadeloupéens, qui se demandent comment leur économie va tenir et comment ils vont vivre. Nous leur apporterions une réponse à la hauteur de notre République.