La notion de harcèlement ne recouvre pas la même chose selon qu'on travaille dans une cuisine ou dans un bureau. Étant issue de la société civile, je sais que, dans certains secteurs, le travail est plus dur, dans tous les sens du terme, que dans d'autres. Je m'étonne que, même quand de tels faits sont racontés et avérés, ils soient parfois tolérés ; je m'en faisais la remarque en écoutant les uns les autres. Par ailleurs, le ressenti est quelque chose de très subjectif : une personne n'aura pas l'impression de harceler parce qu'elle parle d'une manière qui lui semble habituelle, quand la personne en face d'elle se sentira brimée parce qu'elle n'a pas l'habitude qu'on lui parle ainsi. C'est là toute la difficulté. On est souvent sur une ligne de crête. On a beau intellectualiser, poser des concepts, établir des critères et des normes, on est vraiment dans de la science humaine car le subjectif est important, voire essentiel, pour comprendre de quoi il retourne.