Intervention de Gérard Valléry

Réunion du mercredi 30 janvier 2019 à 13h30
Groupe de travail sur les conditions de travail à l'assemblée nationale et le statut des collaborateurs parlementaires

Gérard Valléry :

Il faut effectivement comprendre le phénomène de RPS comme un processus et faire de la prévention primaire, se donner les moyens d'avoir des cadres adaptés, dans lesquels les gens peuvent s'exprimer et préparer ensemble des changements. L'Assemblée nationale étant elle aussi un cadre de travail, quoique pas tout à fait comme les autres, je ne vois pas pourquoi elle ne serait pas concernée par les RPS : on y trouve des individus, des transformations du travail s'y jouent aussi, ainsi que des transformations du rapport au travail. Le travail évolue dans son contenu, ses formes et son organisation, et les individus ont d'autres besoins, de nouveaux rapports au travail.

Il faut faire attention à deux points, me semble-t-il. Premièrement, on met souvent en avant la question des managers. Or, manager, c'est aussi du travail, et les managers sont confrontés à un certain nombre de difficultés. Travailler sur eux est d'ailleurs parfois un levier d'action pour transformer des choses. Il ne s'agit donc pas de jeter la pierre aux managers ayant des comportements non adaptés : il faut travailler sur ce que ça veut dire d'être manager, pour transformer les choses avec eux.

Il faut également faire attention aux nouvelles technologies. En soi, elles ne sont pas dangereuses, elles ne constituent pas des déterminants stricts du développement des RPS : tout dépend de ce que l'on en fait. La question essentielle est celle de la distribution et des modes d'usage de ces technologies.

Pourquoi, demandait Mme Trisse, les cas de harcèlement, même avérés, ne sont-ils pas nécessairement reconnus et traités ? Parce que le harcèlement reste un sujet tabou : je vois des cas où les partenaires sociaux font tout pour étouffer l'affaire.

En ce qui concerne la dimension du subjectif – et de l'intersubjectif, c'est-à-dire du rapport entre les individus –, dont on parle beaucoup, il est sûr que l'expérience vécue est extrêmement importante, mais il existe aussi des phénomènes objectifs : on sait par exemple que des conditions de travail difficiles peuvent susciter des troubles physiques, comme les troubles musculo-squelettiques (TMS), lesquels débouchent ensuite sur des RPS. On peut donc objectiver des choses à travers des conditions de travail difficiles, voire dégradées.

Enfin, s'il existait des remèdes globaux, on les connaîtrait. Il faut travailler sur la question localement, autour de trois dimensions : sensibiliser, impliquer et co-construire. Je ne vois pas d'autre moyen que d'avancer dans cette direction, pour mettre les choses à plat, trouver des consensus et mettre en œuvre des modalités d'action ayant fait l'objet de discussions entre les acteurs et qu'ils ont intégrées.

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