Intervention de Marie-France Hirigoyen

Réunion du mercredi 30 janvier 2019 à 13h30
Groupe de travail sur les conditions de travail à l'assemblée nationale et le statut des collaborateurs parlementaires

Marie-France Hirigoyen :

Monsieur le président, je voudrais répondre à la question que vous aviez posée et que nous avons laissée de côté jusqu'à présent : les RPS sont-ils des maladies ou des symptômes ? Il est très important de définir les choses. Le stress produit des symptômes. Le burn-out n'est pas une maladie reconnue, mais il constitue quand même un trouble grave, qui peut avoir des conséquences importantes. Le harcèlement a lui aussi des conséquences extrêmement graves sur la santé. Pour être un peu plus précise, je dirais que, dans un premier temps, lorsqu'on est victime de harcèlement, ou quand on commence à souffrir de burn-out, on présente des troubles de nature anxieuse ; puis, peuvent apparaître des états dépressifs, lesquels peuvent avoir des conséquences graves, puisqu'ils peuvent conduire à des suicides. Il faut donc les repérer très tôt. L'état dépressif est une maladie : il ne s'agit pas simplement d'un symptôme.

Le problème du harcèlement, qu'il soit moral ou sexuel, est que, très souvent, on est dans le déni : les personnes n'en prennent conscience que quand elles sont extrêmement malades, au point, par exemple, d'être incapables de sortir de leur lit. C'est un peu la même chose pour le burn-out : les personnes sont en surinvestissement, jusqu'au jour où elles s'écroulent complètement et ne sont plus capables d'aller travailler.

Dans le cas du harcèlement, même si la personne qui en est victime est placée en arrêt maladie, elle va développer ce qu'on appelle un stress post-traumatique, exactement de la même manière que les victimes d'attentats. Or cela se soigne extrêmement mal. Un des symptômes du stress post-traumatique est qu'on est dans l'évitement. On ressasse en permanence la situation de harcèlement, on en rêve la nuit, on a des crises d'angoisse dès qu'on voit quelqu'un qui ressemble au harceleur. Ces personnes sont incapables de retourner sur leur lieu de travail, et il est très difficile de mettre en œuvre des thérapies efficaces. Très souvent, ces personnes sont désinsérées du monde du travail.

Marc Loriol nous parlait du coût de cette problématique : apprendre à repérer le phénomène beaucoup plus tôt, à prévenir ce genre de situations permettrait à la société dans son ensemble de réaliser d'énormes économies. Il ne faut pas oublier non plus – on n'en parle pas très souvent – que ces phénomènes ont également un impact sur l'environnement professionnel : souvent, ils entraînent la démotivation d'une équipe entière. Même quand on a trouvé la solution à une situation de harcèlement, par exemple en éloignant les deux personnes en question, on constate que, si on ne travaille pas sur ceux qui ont été témoins de ce qui s'est passé – ou qui n'ont pas voulu le voir –, si on ne s'efforce pas de renforcer le supérieur hiérarchique qui n'a pas agi comme il aurait dû, voire qui a fermé les yeux, cela aura des conséquences à très long terme sur tout un groupe de personnes ; d'où l'importance de la prévention.

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