Monsieur le président-directeur général, nous comprenons qu'Engie souhaite céder sa participation au sein du groupe Suez, mais je dois vous dire notre inquiétude et nos doutes quant à l'intérêt d'un rapprochement entre Veolia et Suez, qui sont, l'une et l'autre, des fleurons français et des leaders mondiaux. Aussi le groupe MODEM craint-il que ce projet de fusion soit à contretemps et à contre-emploi.
À contretemps, d'abord. Pourquoi, en pleine crise, prendre tous les risques liés à l'intégration de deux groupes qui vont bien et qui ont des cultures d'entreprise différentes ? Nous savons que ce type d'opération peut conduire à des échecs. Pourquoi, en pleine crise, susciter de nombreuses inquiétudes chez les salariés, qui voient la situation sur le marché du travail se tendre de manière dramatique ?
À contre-emploi, car cette fusion semble être une mauvaise nouvelle pour les collectivités et, en définitive, pour les usagers et les consommateurs. La saine concurrence que se sont livrée nos deux champions français a été source d'émulation et d'innovation, dans l'intérêt propre des deux groupes, dans l'intérêt des collectivités territoriales, qui sont leurs interlocuteurs, et dans l'intérêt des usagers. Pourquoi renoncer à cette dynamique vertueuse ? Pourquoi créer un superchampion alors que nous avons déjà deux leaders à l'international qui ne sont en compétition frontale, vous l'avez rappelé, que sur le territoire national ? Ne faut-il pas, à tout le moins, se donner le temps d'évaluer tous les tenants et aboutissants de ce projet ?