J'entends qu'on vous accuse de ne pas beaucoup protéger les salariés. Il faut donc rappeler quelques données sans précédent : à peine 25 % des travailleurs français sont aujourd'hui à leur poste de travail ; 25 % sont en télétravail ; la moitié des salariés sont en chômage partiel, beaucoup sont en arrêt maladie, d'autres enfin en congé pour garde d'enfants.
Quant à ceux qui sont à leur poste de travail, ils ont vu leurs conditions de travail entièrement bouleversées ; c'est vrai pour les personnels de santé, qui sont en première ligne, mais également pour l'ensemble des salariés.
À cet égard, il faut remercier les chefs d'entreprise, les salariés et les partenaires sociaux qui ont su réorganiser l'activité dans l'urgence. Cette réorganisation va se poursuivre. En effet, lors du déconfinement progressif, il va falloir repenser dans chaque entreprise les modes de travail, mais également l'organisation des grandes chaînes industrielles. À plus long terme, il faudra également s'interroger sur la place des professions intermédiaires – les éboueurs, les caissières… – dont le rôle, insuffisamment reconnu par le passé, est apparu au premier plan à la faveur de la crise. J'aimerais donc vous entendre sur la manière dont l'État peut, en s'appuyant sur le dialogue social, repenser le monde de demain.
Vous avez évoqué l'exceptionnel filet de sécurité dont bénéficient en cette période de crise les travailleurs français. Nous avions déjà un système de protection sociale dont nous pouvions être fiers, mais il a fallu encore le renforcer pour englober tous ceux qui passaient à travers les mailles du filet. Quelles réflexions vous inspire l'universalité du système de protection à la française ? Comment voyez-vous son évolution dans l'avenir ?
Enfin, comme Philippe Vigier, j'insiste sur le fait que les employeurs ont besoin d'assurances sur les conditions de déconfinement.