Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du mercredi 22 avril 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Madame Corneloup, les guides métiers, validés par les partenaires sociaux, ont été conçus par des experts de terrain pour être pratico-pratiques et applicables dans toute entreprise, quelle que soit sa taille. J'ai toute confiance dans les équipes qui se sont attelées à cette tâche – Laurent Pietraszewski contribue d'ailleurs à ces travaux.

En ce qui concerne la formation professionnelle, il est vrai que le message n'est pas passé auprès du grand public, mais nous avons pris des mesures importantes. Premièrement, le coût pour les entreprises de la formation de salariés au chômage partiel sera pris en charge à 100 % par le FNE-Formation, c'est-à-dire le budget du ministère. Deuxièmement, les opérateurs ont, à ma demande, développé leur offre ; le nombre des sessions de formation à distance est ainsi passé, en quelques semaines, de 100 000 à 170 000 sur le compte personnel de formation (CPF). J'observe que les centres de formation d'apprentis (CFA), qui n'étaient pas habitués à proposer des formations à distance, se sont remarquablement mobilisés, si bien que 90 % des apprentis ont pu poursuivre de cette manière leur formation théorique. Nous réfléchissons actuellement, avec les acteurs concernés, à la reprise de l'apprentissage lors de la réouverture des CFA ; à cet égard, le fait que l'enseignement théorique n'ait pas été interrompu est très important. Du reste, nous avons décidé par ordonnance de prolonger, le cas échéant, les contrats des apprentis afin qu'ils puissent aller au terme de leur formation. Nous avons également annoncé, avec le ministre de l'éducation nationale, que leurs diplômes seraient délivrés sur la base du contrôle continu et entourés des mêmes garanties d'équité, de qualité et de sérieux. Ainsi, les apprentis ne perdront pas leur année.

Par ailleurs, Pôle emploi propose aux demandeurs d'emploi 150 nouvelles formations à distance gratuites et rémunérées, grâce une allocation de 170 millions du plan d'investissement dans les compétences. Je crois que cette offre sera maintenue car, si les formations de ce type apportent une solution en période de crise, elles sont également utiles aux personnes qui vivent en zone rurale, à celles qui souffrent d'un handicap… Leur développement contribue donc à la justice sociale.

Enfin, 150 acteurs – OpenClassroom, Nathan, le Centre national d'enseignement à distance (CNED), le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)… – ont mis tout ou partie de leur catalogue en ligne à disposition des Français.

Les problèmes liés au chômage partiel et à la santé et à la sécurité sont si importants pour nos concitoyens qu'il est très difficile d'évoquer, notamment dans les médias, la question de la formation, perçue comme secondaire. Or, vous l'avez dit, cette période de chômage partiel ou d'arrêt de travail sans maladie est propice à la formation ; s'il y a l'école à la maison, il est bon que les adultes puissent également se former.

Une réflexion est en cours sur les conditions sanitaires dans lesquelles la réouverture des cafés et restaurants pourrait intervenir. La question est particulièrement difficile, car nous ne pouvons pas prendre le risque de relancer l'épidémie en permettant le regroupement d'un trop grand nombre de personnes dans des lieux clos – mais difficile ne signifie pas impossible. Je ne suis pas en mesure de vous annoncer une date ou une solution, mais la réflexion est en cours. Le guide sera évidemment très important.

Monsieur Habib, les gestes barrières sont les mesures les plus efficaces. On peut prescrire des tests : si ces gestes ne sont pas respectés, ils ne serviront à rien. Il en va de même pour les masques. Ceux-ci peuvent être nécessaires dans l'exercice de certains métiers, mais à titre de protection supplémentaire : dans tous les cas, les gestes barrières doivent être respectés. Actuellement, peu de tests sont disponibles. En tout état de cause, si une personne est asymptomatique, il faut la tester quotidiennement, ce qui paraît difficile. Ce qui importe donc, c'est que l'on puisse, à terme, soumettre à un test tout salarié qui présente des symptômes.

Par ailleurs, le guide conçu pour le secteur du bâtiment, extrêmement précis, devrait fournir à l'artisan charpentier que vous avez évoqué toutes les réponses qu'il attend. Il y est indiqué qu'un masque est nécessaire dans certaines situations précises – dans d'autres cas, il existe d'autres solutions, comme se déplacer dans plusieurs véhicules. Le site du ministère de l'économie recense les producteurs qui vendent des masques aux professionnels. Il est donc possible d'en acheter dès aujourd'hui.

Enfin, il ne faut pas que la jeunesse, qui doit déjà supporter l'endettement de l'État et qui redoute le coût de la transition écologique, ait le sentiment que la crise assombrit son avenir. Nous commencions à faire baisser le taux de chômage des jeunes, qui a été terrible ces vingt dernières années : il est encore de 18 %, certes, mais il était de 21 % il y a quelques mois. La désespérance de la jeunesse serait la pire des choses. Celle-ci sera donc, je crois, l'une des grandes priorités, notamment à travers l'apprentissage, du plan de relance que nous allons élaborer dans les semaines qui viennent. Je me réjouis que plusieurs d'entre vous, appartenant à différentes familles politiques, aient évoqué cette question, car une véritable coalition nationale sera nécessaire pour permettre aux jeunes de se projeter dans l'avenir et dans l'emploi.

Monsieur Lagarde, il est prévu, dans l'une des dernières ordonnances que j'ai signées, que l'ensemble des aidants familiaux, qu'ils exercent un emploi à domicile – c'est-à-dire s'ils se rendent au domicile de quelqu'un – ou qu'ils soient travailleurs à domicile – s'ils travaillent chez eux –, soient pris en compte, pourvu qu'ils aient un contrat de travail ou un salaire. Nous n'avons pas reçu d'alerte à ce sujet, mais envoyez-nous les éléments dont vous disposez : nous vérifierons.

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