Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du jeudi 23 avril 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Vous dites qu'une alerte très précoce a été lancée le 10 janvier et qu'on a commandé des masques pour les soignants dès le 30 janvier. Alors qu'en 2009, nous disposions de 729 millions de masques FFP2 et d'un milliard de masques FFP1, au début de la crise actuelle, nous n'avions plus de masques FFP2, et seulement une centaine de millions de masques FFP1, ce qui vous a conduit à construire un discours sur l'absence de nécessité de porter un masque – du moins avez-vous indiqué que, du fait de la pénurie, les soignants seraient les seuls à en être équipés dans un premier temps, ce qui peut se comprendre.

Comment expliquer que l'on n'ait pas imaginé que la crise née en Asie et commençant à gagner le reste du monde allait inévitablement nous frapper ? En janvier, vous et d'autres scientifiques français affirmiez que cette épidémie allait sans doute passer comme était passé le SRAS, ce qui n'a pas été le cas. Partant de ce principe, la France, qui ne possédait pas de masques au début de la crise, ne s'est pas équipée en temps utile. Aujourd'hui, on nous dit que les masques ne sont peut-être pas nécessaires – alors même que tout le monde court après –, tandis que le Président de la République garantit que l'État, en lien avec les collectivités locales, va faire en sorte que tous les Français en soient équipés. Cependant, l'État n'en commande pas : seules les collectivités locales le font, sans que l'État le leur ait demandé !

En 2013, lorsqu'il a été décidé de supprimer le stock de masques, les employeurs, les établissements de santé publics et privés, ont été chargés de disposer de stocks de masques – ce que personne n'a jamais contrôlé. Il semble qu'en 2018, c'est-à-dire depuis que vous êtes entré en fonction, on n'ait ni vérifié les stocks de masques censés avoir été constitués par les établissements de santé et par les entreprises, ni reconstitué les stocks au niveau national. En résumé, si vous saviez que nous n'étions pas prêts à affronter une épidémie, sans doute aurait-il fallu prendre des mesures pour y remédier.

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