Le port du masque est vraiment une mesure complémentaire : ce n'est pas le masque ou le reste. Porter un masque procure un sentiment de sécurité, si bien que l'on a tendance à oublier les gestes barrières. Il est plus compliqué d'éternuer ou de se moucher avec un masque. On oublie aussi l'importance de la transmission manuportée : nous portons sans cesse nos mains au visage, alors qu'il y a plus de virus sur les mains que sur le visage.
Il n'y aura pas de déconfinement si le confinement n'est pas réussi. Les Français sont debout sur le frein de l'épidémie, c'est aussi simple que cela ! Plus ils sont attentifs au confinement, moins il y a de contacts, moins il y a de nouveaux cas. Pour que l'activité redémarre en partie au 11 mai, l'objectif est de réduire le plus possible la circulation virale et le nombre de malades.
Deuxième idée importante : les gestes barrières et les mesures de distanciation physique et sociale seront toujours d'actualité au mois de mai, et sans doute encore pour longtemps. Ce virus continuera à circuler, de façon sporadique, épisodique ou épidémique, tant que nous n'aurons pas de réponse – soit une immunité collective importante, et nous en sommes très loin, soit une réponse thérapeutique. Nous avons besoin de surveiller de très près la circulation virale, en effectuant des tests, par la surveillance syndromique en ville et par la surveillance hospitalière. Nous avons besoin d'indicateurs territorialisés, départementaux et régionaux, car les départements les plus touchés sont ceux où il y a eu le plus de morts et où la pression épidémique a été la plus importante. Nous allons devoir instaurer un dispositif très performant de tests sur tout le territoire. Dès qu'un test est positif, la personne doit être placée à l'isolement, une enquête doit être menée pour retrouver tous ses contacts, lesquels doivent à leur tour être testés. Ce sont toutes ces mesures que nous allons expliquer à l'ensemble des Français. Ils doivent comprendre que les gestes barrières ainsi que les mesures de distanciation physique et sociale sont là pour longtemps.
L'immunité collective est encore faible dans notre pays et varie selon les populations et les territoires. Il y a une différence très importante entre les zones urbaines et les zones rurales : plus il y a de densité urbaine, et donc de promiscuité, plus le virus circule ; plus les départements sont ruraux, moins il y a de possibilités de contacts massifs et donc moins le virus circule. L'objectif de la France n'est toutefois pas d'atteindre une immunité collective. Il serait particulièrement dangereux de « créer » les conditions d'une deuxième, puis d'une troisième vague dans le seul but de gagner 5 % à chaque résurgence. Nous ne pouvons pas nous permettre d'enregistrer des milliers de morts et de personnes en réanimation à chaque vague. Nous voulons éviter que le virus circule pour gagner du temps en attendant l'arrivée de médicaments efficaces et de vaccins, avec un minimum de pression sur le système hospitalier et médical.
Les enfants de moins de dix ans sont peu porteurs et peu malades – il y a heureusement fort peu d'enfants admis à l'hôpital et encore moins en réanimation –, les adolescents un peu plus. Ce sont des éléments importants qu'il faudra partager.
Les tests virologiques se font à l'aide d'un écouvillon nasal – ce n'est pas un examen très agréable –, lequel part ensuite au laboratoire de virologie. Nous en sommes à plus de 165 000 tests par semaine, vraisemblablement 200 000 cette semaine – pas très loin de la capacité de détection des Allemands, qui en sont à 300 000. L'objectif est de réaliser 700 000 tests par semaine au 11 mai. Nous progressons donc très vite. Nous testons tous les malades, les professionnels de santé, les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) – nous avons élargi notre doctrine pour que tous les résidents et tous les personnels des EHPAD soient testés, afin de créer des secteurs Covid et des secteurs non-Covid. Nous avons mobilisé toutes nos capacités concernant les laboratoires – vétérinaires, départementaux, de recherche, de police, de gendarmerie.
Le problème tient à l'existence possible d'asymptomatiques : avec les tests PCR, vous pouvez être négatif un jour et positif le lendemain. On peut donc passer à côté de ce portage, qui est difficile à objectiver et qui peut varier au cours du temps, d'où la grande difficulté d'un dépistage généralisé ou systématique.