Intervention de Jérôme Salomon

Réunion du jeudi 23 avril 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jérôme Salomon, directeur général de la santé :

Nous testons évidemment tous les malades, toutes les personnes hospitalisées et tous les professionnels de santé qui en ont besoin. C'est une priorité depuis le début. Nous avons ajouté à cela des tests dans les EHPAD, du fait de l'attention évidente que nous portons à nos aînés ; nous avons même élargi la stratégie, à la demande du ministre de la santé : les dépistages sont généralisés quand un cas est détecté dans l'un de ces établissements. En effet, nous nous sommes rendu compte qu'on pouvait avoir besoin de créer des secteurs réservés aux personnes atteintes par le Covid-19. Les professionnels concernés apprécient beaucoup d'avoir accès non seulement à une hotline médicale, mais surtout aux tests. Le Président de la République l'a dit : au moment du déconfinement, nous devons être en mesure de tester toutes les personnes présentant des symptômes – ce que nous ferons.

En ce qui concerne les sérologies, nous commençons à avoir des résultats, y compris sur la base de cas français, montrant qu'après une infection confirmée, c'est-à-dire un test PCR positif, des anticorps protecteurs apparaissent progressivement, au bout d'une, deux ou trois semaines, chez 99 % des personnes testées. Celles-ci appartenaient à des milieux différents, et certaines étaient suivies de façon spécifique dans des protocoles de recherche. Même si nous avons encore besoin de consolider ces données par d'autres publications, ces premiers éléments sont tout à fait rassurants, pour les parlementaires comme pour le grand public.

Nous consommons effectivement beaucoup de masques pour protéger nos soignants : 45 millions. Notre rythme d'importation est de 100 millions de masques par semaine, grâce à la mise en place d'un pont aérien et à des commandes massives – plus de 2 milliards d'unités.

Il est très important de rappeler que la mobilisation de tous les acteurs de la recherche dans notre pays est sans précédent ; ils travaillent jour et nuit. En France, trente essais thérapeutiques sont en cours, impliquant près de 1 600 personnes, la quasi-totalité des centres hospitaliers – y compris dans les services de réanimation – et la médecine de ville. L'étude internationale européenne Discovery est pilotée par une professeure des universités-praticienne hospitalière (PU-PH) de Lyon. Des résultats très intéressants sont attendus. Ils seront d'ailleurs multiples, puisqu'ils concernent des antiviraux, des antirétroviraux et des immunomodulateurs, ce qui montre la richesse du panel de molécules et de traitements testés. Effectivement, s'agissant de la recherche vaccinale, la France est bien placée : plusieurs acteurs publics et privés sont mobilisés. Cela dit, il faut rappeler aux Françaises et aux Français que la fabrication d'un vaccin suppose un temps incompressible : il faut s'assurer qu'il est efficace chez l'animal, puis chez l'homme, qu'il est sûr, que la réponse immunitaire provoquée est fiable et pérenne, et qu'on peut le produire.

En ce qui concerne les masques grand public, nous nous sommes mis en situation de répondre massivement à la demande. L'industrie française a commencé à fabriquer de très nombreux masques en tissu pouvant être lavés plusieurs fois. Nous en importons également. Ainsi, conformément à la volonté du Président de la République, les Françaises et les Français qui le souhaitent pourront y avoir accès.

Pour répondre très clairement à la question du président Le Gendre, il est évident que nous ne misons pas sur l'immunité collective : il faudrait pour cela atteindre un taux de contamination de 60 %, alors que nous en sommes à 5,7 % ; or il n'est pas question que la circulation virale se poursuive à un très haut niveau. Il n'est pas question que nous acceptions un grand nombre de nouveaux décès ou de personnes en réanimation, avec les drames que cela provoque. L'objectif est bien d'avoir la circulation virale la plus faible, le nombre de malades le plus faible et le nombre d'admissions le plus faible possible. Les gestes barrières, les mesures de distanciation sociale – y compris le télétravail – et la réduction des contacts, qui vont se poursuivre pendant des semaines, voire des mois, ont pour objectif d'attendre le développement des stratégies thérapeutiques et vaccinales.

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