Intervention de Jérôme Salomon

Réunion du jeudi 23 avril 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jérôme Salomon, directeur général de la santé :

S'agissant des stocks stratégiques, rappelons que la dernière décennie a été marquée par de grandes catastrophes climatiques comme l'ouragan Irma, la réémergence que personne ne pensait possible des fièvres hémorragiques virales dans les pays occidentaux, la multiplication des attentats sur notre territoire, l'apparition de nouveaux risques comme les arboviroses en France métropolitaine, qui nécessite de mettre en place des mesures de lutte antivectorielle, et l'antibiorésistance. Un consensus international, conforté par les plus brillants scientifiques, s'était établi : la menace principale était bactérienne, ce qui impliquait de se doter de capacités vaccinales et de stocks d'antibiotiques pour lutter contre l' Escherichia coli, le staphylocoque doré, le Clostridium difficile, ou bien encore des bactéries relevant de la prévention vaccinale. L'établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) et Santé publique France se sont donc préparés à cette évolution des risques, objectivée par la communauté scientifique internationale.

Les masques grand public, en cours de fabrication en France grâce à la mobilisation de nos industriels portée par le ministère de l'économie, auront des propriétés de respirabilité et un pouvoir filtrant élevés. Leur usage sera validé par le Haut Conseil de la santé publique et le conseil scientifique Covid-19. Nous aurons à discuter tous ensemble de leur utilisation dans des situations de promiscuité, quand les mesures barrières et la distanciation physique et sociale ne peuvent être appliquées, peut-être dans les transports collectifs.

Nous testons de plus en plus massivement tous les malades, tous les professionnels de santé, les résidents des EHPAD. Il n'est cependant pas possible de lancer une campagne nationale de tests tous publics. D'abord, le test lui-même est très désagréable puisqu'il suppose d'enfoncer un écouvillon jusque dans le cavum. Ensuite, il nécessite une logistique assez lourde : l'écouvillon, placé dans un milieu de culture, doit être envoyé dans un laboratoire pour être analysé selon la technique PCR. Je ne crois pas que les Français accepteraient d'y être soumis régulièrement. En outre, ces tests n'auraient de sens que si nous surveillions en permanence la population : une personne négative le lundi peut en effet devenir positive le mardi si elle entre en contact avec un porteur.

Je partage vos interrogations sur le déconfinement territorial. La répartition géographique comporte beaucoup d'inconnues. À l'échelon de l'Europe, on constate une grande hétérogénéité, totalement incompréhensible : certains pays nordiques sont massivement touchés, d'autres pas ; la Grèce est moins touchée alors que son système de santé est en grande difficulté. La France est elle-même marquée par une grande diversité des situations d'un département à l'autre, alors que notre système de santé est assez homogène sur tout le territoire. Nous n'avons pas d'explications sur la circulation du virus et sur le fait qu'il soit plus présent dans certaines zones que dans d'autres.

Ce qu'il faudra éviter, ce sont les échanges de populations entre zones massivement touchées et zones peu touchées, et les transports interrégionaux, pour ne pas réactiver la circulation du virus. Nous devrons être très attentifs, notamment au moment du déconfinement, aux flux interrégionaux.

Le protocole du professeur Louis Bernard, avec lequel j'ai longtemps travaillé, est très intéressant, madame Auconie. Je tiens à saluer ici la créativité dont nos chercheurs font preuve en matière de désinfection et de réutilisation des masques. Rappelons que les masques qu'utilisent les soignants sont les masques FFP2 pour les actes à haut risque réalisés à l'hôpital et les masques chirurgicaux, dont nous avons aussi testé les possibilités de réutilisation. Aujourd'hui, les importations hebdomadaires permettent de couvrir les besoins. Notre but, grâce à la production textile nationale, est de disposer de plusieurs millions de masques personnels en tissu, lavables jusqu'à trente fois.

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