Intervention de Jérôme Salomon

Réunion du jeudi 23 avril 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jérôme Salomon, directeur général de la santé :

En matière de communication, le numéro vert revêt une grande importance : il permet d'apporter des réponses aux questions que se posent nos concitoyens et leur fournit un soutien psychologique ainsi qu'aux personnels de santé. Citons également le site du Gouvernement et la mise à disposition de toutes les données connues. Nous travaillons avec les collèges professionnels, avec les ordres, avec le service de santé des armées. Nous participons à des réunions européennes entre directeurs de la santé et avec les responsables de l'OMS en Europe. En outre, la liste de diffusion « DGS-urgent » permet de toucher 800 000 personnels de santé.

Je partage toutes vos interrogations sur la deuxième vague. J'essaie de faire preuve de prudence en restant rationnel et scientifique. L'immunité est faible en France comme dans le reste du monde. Selon l'OMS, l'infection n'aurait touché que 2 % à 3 % de la population mondiale. Le risque de reprise épidémique existe. Nous devons nous y préparer. Certains pays ayant des cultures très différentes de la nôtre comme le Chine, Singapour ou le Japon font face à ce phénomène alors qu'ils disposent de nombreuses armes contre la diffusion du virus. Il nous faut rester humbles et redoubler de vigilance.

Nous devons nous préparer au risque de reprise épidémique ; c'est pourquoi j'insiste sur le fait que le confinement doit être réussi. Son objectif est de réduire l'impact de la première vague, et il l'a fait puisque le R0, taux de reproduction de base du virus, est passé de 3,4 à 0,5 – cela signifie que cent personnes malades n'en contaminent plus que cinquante ; le confinement a ainsi permis de réduire de 83 % le nombre de décès lors de cette première vague. Nous devons poursuivre ce confinement pour parvenir au plus faible niveau de circulation de virus le 11 mai, afin de soulager nos soignants et d'éviter que les Français ne revivent un drame tel que nous l'avons vécu – je pense aux personnes hospitalisées, en réanimation et décédées.

Nous allons nous y préparer collectivement, avec les élus territoriaux et les collectivités locales, en déclinant au plan territorial notre stratégie nationale, c'est-à-dire en renforçant notre capacité de test et de « contact tracing » – qui permet d'aller rechercher systématiquement tous les contacts d'une personne positive –, en insistant sur l'isolement, sur la quatorzaine des personnes contacts avérées, sur les outils numériques, les masques, les mesures barrières qui vont rester indispensables, et sur les mesures de distanciation physique et sociale. Tous les pays sont désormais totalement alignés sur cette stratégie. Nous allons vivre pendant très longtemps avec les masques, les mesures barrières et la distanciation sociale – le télétravail, la réduction des réunions et du nombre de contacts quotidiens, et cette fameuse distance physique qui revient à l'arrêt des contacts humains, des embrassades et des mains serrées.

C'est le sujet des prochains jours : il faut que le confinement soit réussi pour que le déconfinement – qui a été confié à Jean Castex, chargé de l'animation du travail interministériel – le soit aussi. Nous devrons pousser encore davantage la recherche actuelle sur les traitements, qui mobilise le monde entier : de très nombreux essais sont en cours, et des données intermédiaires seront publiées dans les prochains jours ; elles donneront peut-être des résultats positifs, et nous y sommes très attentifs. La recherche vaccinale est aussi très active et très riche ; la France fait partie de très nombreuses coordinations internationales et européennes, et des acteurs français publics et privés travaillent sur le vaccin. Des essais humains seront bientôt mis en œuvre sur des volontaires et en milieu hospitalier. Il faut cependant rappeler qu'en la matière, le délai est incompressible ; nous ne pouvons pas espérer de vaccin, d'où qu'il vienne, avant 2021.

Quant aux masques FFP2 – je parle sous le contrôle de Mme Julienne –, il y en a évidemment pour les dentistes ; c'est pour eux une nécessité. Lorsqu'un cabinet dentaire rouvre ses portes, il dispose de tels masques – le ministre de la santé s'était déjà exprimé sur le sujet.

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