Sur les 10 000 respirateurs disponibles, 1 500 sont consacrés aux patients atteints du Covid-19, et 8 500, de modèle Osiris, sont plutôt destinés aux urgences et au transport de patients. Je peux m'engager à vous donner des précisions dans la journée sur ce point.
Nous avons engagé le 12 mars dernier une déprogrammation massive des hospitalisations non urgentes et le déclenchement des plans blancs, pour permettre à l'ensemble de nos établissements de s'armer ; c'était à l'époque absolument indispensable, d'autant que nous n'avions pas encore une vision très claire de la disparité régionale en matière d'atteinte de l'épidémie. Entre-temps, la stabilisation et la décroissance progressive du nombre de patients en réanimation d'une part, le risque de perte de chances pour les autres patients en hôpital ou en ville d'autre part, ont conduit à relancer l'activité de manière très prudente et très modérée, y compris au sein des établissements de santé. C'est ce que nous avons demandé aux directeurs généraux des agences régionales de santé, afin de tenir compte des réalités spécifiques de leurs régions respectives, mais dans des conditions très simples de réversibilité, permettant de réarmer rapidement les capacités en réanimation au cas où l'épidémie enregistrerait une résurgence forte. D'autres contraintes sont liées aux médicaments : un certain nombre d'activités programmées sont consommatrices de molécules dont nous avons besoin pour prendre en charge les patients atteints du Covid-19. Ce sont des limites assez fortes, mais la crise est encore réelle – il suffit de regarder la situation en réanimation en Île-de-France ou dans le Grand Est pour se persuader qu'elle n'est pas encore derrière nous. Voilà pourquoi nous avons adressé le message d'une reprise très prudente des activités, pour éviter les pertes de chances des patients dans les établissements tout en tenant compte des exigences évoquées.
Enfin, nous préparons l'offre de soins dans l'hypothèse d'une éventuelle deuxième vague. L'un des enjeux de la préparation du déconfinement progressif, qui n'est pas une rupture mais une continuité, est de préserver à toute force la possibilité de réarmer nos capacités de réanimation ; il s'agit de nous protéger collectivement en cas de résurgence de l'épidémie, quel que soit l'endroit où elle surviendrait sur notre territoire. C'est un enjeu très fort et un point de vigilance majeur. Nous disposons des outils pour effectuer un suivi de ces capacités, en lien avec les agences régionales de santé. Nous le ferons, sachant que nous avons entre-temps fait évoluer fortement nos capacités en réanimation puisque nous sommes passés de 5 000 à plus de 10 000 lits, et bientôt – en tenant compte du nombre de respirateurs – aux alentours de 14 000.