Intervention de Éric Ciotti

Réunion du mardi 16 juin 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Ciotti, rapporteur :

Le moment qui nous réunit est très important. Le Parlement va user pleinement de son rôle de contrôle. J'entends l'exercer en pleine transparence et sans entraves.

Nous avons traversé et nous continuons de traverser une crise sanitaire majeure, inédite, dont les conséquences seront dramatiques pour notre pays et nombre de nos concitoyens. Après celui de la communication, le temps de la vérité doit guider notre commission : la gravité de la situation l'impose, nos concitoyens l'attendent et l'exigent. Près de 30 000 Français ont succombé au virus ; notre économie est à terre et nous assistons à une destruction de richesses et d'emplois inédite depuis la fin de la seconde guerre mondiale ; les mois de mars et d'avril ont vu plus d'un million de chômeurs supplémentaires. Ce bilan épouvantable nous bouleverse tous, et personne ne peut en être fier.

Je veux d'abord penser aux victimes de la maladie, à leurs familles, à leurs proches frappés par l'épreuve et la douleur. Je veux aussi penser aux victimes sociales de la crise et au cortège de détresse qui s'annonce. Je veux également exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui se sont mobilisés sans compter pour répondre à la crise. Alors que nos soignants manifestent en cet instant même, dans des conditions malheureusement troublées par la violence, autour de l'Assemblée nationale, je leur adresse toute ma gratitude, mon respect, ma reconnaissance et mon soutien dans l'exigence de reconnaissance qu'ils sollicitent de la part de la nation. Mais je veux aussi remercier tous ceux qui, dans nos administrations, nos préfectures, nos agences de santé, ont tenu dans une période difficile et tous les salariés et ouvriers de la logistique, des grandes surfaces, nos agriculteurs, qui ont permis que la chaîne logistique se poursuive ; nos policiers et nos gendarmes, qui ont fait respecter les règles de l'état d'urgence sanitaire, avec beaucoup de courage, parfois sans dispositif de protection adapté.

Nos travaux visent à porter un premier regard rétrospectif sur l'organisation de la réponse sanitaire, au-delà de la seule période de la crise. Il sera d'ailleurs intéressant de savoir à quel moment exactement vous avez reçu les premières alertes, notamment de la part de notre représentation diplomatique. Nous voulons remonter jusqu'à la création du plan « pandémie grippale », sous la présidence de Jacques Chirac, auquel Jean‑Pierre Door avait pris une part active puisqu'il a été préconisé par ses travaux. Nous aurons à identifier les failles, les dysfonctionnements et les éventuelles fautes, non pour faire de notre mission un tribunal judiciaire ou populaire, mais pour tirer toutes les leçons et savoir faire face à une éventuelle résurgence : les informations que nous recevons aujourd'hui même d'autres pays d'Europe et même de Chine sont, en effet, préoccupantes.

Monsieur le directeur général de la santé, vous êtes un des visages de cette crise : chaque soir, pendant le confinement, vos conférences de presse ont rythmé la vie des Français, qui vous attendaient, partagés entre l'angoisse et l'espérance, en fonction des chiffres que vous annonciez. Vous êtes surtout un acteur expérimenté de nos politiques de santé et avez été un rouage, voire un transmetteur essentiel de la politique de l'exécutif, décidée par le Président de la République en conseil de défense, par le Premier ministre, dans le cadre de ses responsabilités constitutionnelles, et par les deux ministres successifs de la santé. Mais vous avez également exercé par le passé des responsabilités importantes, de nature à éclairer notre mission sur l'état de préparation de notre pays : vous avez été le conseiller de la ministre de la santé Marisol Touraine, sous le précédent quinquennat, à partir de 2013, ainsi que celui du candidat Emmanuel Macron. Ces fonctions, vous les devez à votre expérience et à vos compétences de professeur de médecine. Vous avez souvent été un lanceur d'alerte avisé et reconnu. Dans un courriel à Emmanuel Macron, vous faisiez part de vos analyses alarmistes et malheureusement lucides quant à la capacité de notre pays à faire face à une crise sanitaire majeure. Vous y indiquiez que la possibilité de survenue d'un événement matériel d'ampleur, avec un impact sur un grand nombre de personnes, devait être sérieusement anticipée, avant d'ajouter, de façon hélas prémonitoire, que la France n'était pas prête et que le pays devait adapter ses organisations aux spécificités des crises majeures à venir.

Monsieur le directeur général, de commentateur, conseiller, prévisionniste, lanceur d'alerte, vous êtes devenu acteur. Estimez-vous en conscience que notre pays était prêt à faire face à cette crise sanitaire majeure, en janvier 2020, soit deux ans après votre nomination, lorsque l'information de l'apparition de ce virus dans le Hubei est parvenue à la France ?

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