J'informais très régulièrement la ministre sur l'état de la sécurité sanitaire en France, puisque c'était mon rôle de conseiller, en lien avec le directeur général de la santé de l'époque. Il faut cependant distinguer mon rôle entre 2013 et 2015 au sein du cabinet de la ministre qui consistait à rapporter régulièrement les informations recueillies auprès des différentes agences, de la Direction générale de la santé ou à l'occasion de la réunion de sécurité sanitaire, de la réflexion beaucoup plus large que j'ai menée par ailleurs, dans un contexte malheureusement marqué par l'irruption brutale du risque terroriste en France, à partir de laquelle ce qui était totalement inimaginable devenait soudainement possible : qui aurait pu imaginer en effet, avant 2015, un tel carnage en plein cœur de Paris ?
Après mon départ du ministère, au printemps 2015, la France a connu une succession d'événements dramatiques d'une extrême gravité – notamment à Nice –, procédant de moyens non conventionnels. Ce sont eux qui sont à l'origine de cette note de réflexion, laquelle portait sur l'évaluation générale des risques et proposait une sorte de cartographie destinée à aider à la prise de décision, sachant qu'aujourd'hui toutes les menaces sont globales : les dix menaces majeures désormais identifiées par l'OMS concernent tout le monde, qu'il s'agisse de la pollution, du changement climatique, de l'émergence de maladies, de la défiance vaccinale, qui touche la plupart des pays de la planète, de l'antibiorésistance qui voyage autant que les êtres humains, tout comme les virus qui peuvent apparaître, un jour, très loin de chez nous et se retrouver le lendemain en France. Ma note à Emmanuel Macron était une note d'alerte générale sur le fait que le monde était devenu un village et qu'on ne pouvait ignorer ce qui s'y passait. C'est un réflexe d'infectiologue, et un infectiologue est un personnage toujours inquiet : un foyer épidémique, comme un incendie, doit être circonscrit au plus vite, perçu d'emblée comme une menace planétaire, même s'il se situe dans un pays en voie de développement, sans enjeu ni relation économique. Cette note a d'ailleurs été rédigée bien après mon départ du cabinet.