Vous avez totalement raison : le virus circule et les Françaises et les Français n'en sont pas nécessairement suffisamment conscients. Nous faisons passer le message quotidiennement dans tous les communiqués de presse de la Direction générale de la santé.
Je partage également votre plaidoyer en faveur des tests. Nous devons effectuer davantage de tests, car ils permettent d'identifier les porteurs asymptomatiques. Ce sera particulièrement nécessaire cet été, car les gens auront tendance à baisser la garde. Nous sommes très attentifs au nombre de tests disponibles dans chaque département, car il nous faut surveiller les personnes positives, les éventuels clusters et les personnes contacts ; c'est la base de notre stratégie.
En ce qui concerne les équipements de protection individuelle, ils n'étaient pas dans le stock stratégique d'État. Nous les avons commandés dès le 30 janvier, et nous menons actuellement une réflexion sur les moyens de disposer de gants et de surblouses, car c'est certainement un point sur lequel progresser pour améliorer le quotidien, particulièrement difficile, des soignants.
Vous avez évoqué la situation des EHPAD et les décès de résidents, survenus soit dans les EHPAD mêmes, soit à l'hôpital. Ces décès sont décomptés et figurent dans notre point hebdomadaire. La surveillance de la mortalité a été mise en place et est désormais exhaustive dans la mesure où elle s'est également faite de manière rétrospective, en reprenant l'ensemble des événements depuis le 1er mars, ce qui a représenté un travail considérable.
Il ne faut pas perdre de vue que les EHPAD sont souvent, contrairement aux établissements de santé, de petites structures avec peu de personnels : ils n'ont pas nécessairement la capacité de prendre soin de leurs résidents et de se livrer en même temps à des décomptes. Notre effort a donc consisté à ce que le système de décompte national mis en place – quasi unique en Europe, car il permet désormais de connaître le nombre d'établissements déclarants, le nombre de foyers épidémiques, le nombre de cas, le nombre de décès –, n'implique pas les responsables d'établissement mobilisés sur d'autres missions. Ce système semble satisfaire les EPHAD et le monde de la gériatrie, car il offre une meilleure réactivité, indispensable alors que les établissements se rouvrent aux familles et qu'il nous faut donc être vigilants.
Les décès à domicile, ils sont surveillés par l'INSEE, qui a fait un effort considérable pour que l'état-civil accélère la remontée des données – obtenues au jour d'aujourd'hui à une semaine près. C'est un réel exploit. Nous poussons aussi à la certification électronique des décès, qui permet que la mairie dispose immédiatement de la déclaration de décès par le médecin et de sa cause ; cela ne pourra qu'améliorer les statistiques de l'INSEE et de Santé publique France.
Quoi qu'il en soit, la somme des décès survenus en établissements de santé, en établissements sociaux, médico-sociaux et en EHPAD est à peu près équivalente à la surmortalité générale observée par l'INSEE, ce qui tendrait à démontrer que le nombre de décès à domicile liés au covid-19 n'a pas été très élevé.