Monsieur Salomon, je souhaite ardemment que vous apportiez des réponses précises à nos questions.
J'ai le sentiment que nous n'avons pas vécu la même période. J'étais pour ma part dans le Grand Est, première région touchée. Or les alertes adressées dès le mois de février par les médecins généralistes, sur le terrain, à l'agence régionale de santé du Grand Est n'ont eu aucun écho. Est-ce l'ARS qui n'a pas fait remonter ces informations, comme c'est son travail ou bien est-ce au niveau national qu'on ne l'a pas écouté ?
Vous avez parlé des commandes. Il me semble que, dans la gestion de la crise, on a opposé, malheureusement, les médecins libéraux et les médecins hospitaliers. Les seconds ont eu quelques protections – avec retard –, quand les premiers, protégés beaucoup plus tardivement, ont payé un très lourd tribut : on compte cinq fois plus de décès dans leurs rangs qu'à l'hôpital.
Pourquoi, vous qui êtes médecin, n'avez-vous pas fait confiance aux hommes et aux femmes de l'art ? Vous les avez empêchés d'exercer. En première ligne, à partir de la promulgation des décrets des 25 et 26 mars, les médecins généralistes n'ont plus eu accès aux traitements. Vous avez cité l'hydroxychloroquine : on ne pouvait utiliser cette molécule qu'à partir du moment où les patients étaient dans un état grave, à l'hôpital. Or, une fois qu'on en était arrivé à ce stade, beaucoup de temps avait déjà été perdu alors que les premières études avaient démontré que l'hydroxychloroquine ne servait plus à rien dans de tels cas.
Comment expliquer, monsieur Salomon, que la France soit quasiment championne du monde de la létalité, et je pèse mes mots ? C'est notre pays qui a le plus de décès par rapport au nombre de patients dépistés. Vous étiez aux côtés du jeune ministre qui venait de prendre ses fonctions ; vous avez travaillé main dans la main avec lui. Certaines décisions ont été prises trop rapidement, sous le coup de l'émotion, notamment à la suite de la parution de l'étude du Lancet. N'aurait-il pas fallu être plus modéré, plus réfléchi à différentes reprises ?
Enfin, je n'ai toujours pas compris quel était l'intérêt de votre apparition quotidienne à dix-neuf heures : s'agissait-il de terroriser les Français ou de les infantiliser ?