Intervention de Josiane Corneloup

Réunion du mardi 16 juin 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJosiane Corneloup :

Monsieur le directeur général de la santé, je reviendrai à mon tour sur la note du 5 septembre 2016 que vous adressiez à Emmanuel Macron et où vous souligniez la nécessité d'une révision en profondeur de la réponse nationale face aux risques majeurs de catastrophe. Votre constat était alors sans appel : « La France n'est pas prête ». Vous repreniez d'ailleurs cet aphorisme de Richelieu : « On ne doit pas tout craindre, mais on doit tout préparer. » Vous avez pris vos fonctions en janvier 2018 : quelles actions avez-vous conduites pour pallier cette situation, notamment en termes de moyens matériels ?

Par ailleurs, en septembre 2016, et c'était encore le cas neuf mois plus tard, au moment où Marisol Touraine quittait le ministère, les réserves d'État abritaient très précisément de 714 millions de masques chirurgicaux. Parmi ceux-ci, 616 millions remontaient pour l'essentiel aux années 2005 et 2006, sans date de péremption, les 98 millions restants ayant été acquis entre 2014 et 2016. Or, en mars 2020, il ne restait plus, malheureusement, qu'un stock de 117 millions : les 98 millions acquis entre 2014 et 2016 et 19 millions ayant échappé à la destruction. En moins de trois ans, les stocks ont été divisés par six. Pourquoi la quasi-totalité des 616 millions de masques chirurgicaux a-t-elle été ainsi détruite entre 2017 et 2019, alors qu'ils ne portaient pas de date de péremption et que nos stocks étaient très en deçà de nos besoins ? Je vous ai entendu dire qu'ils étaient défectueux. Selon mes sources, la Direction générale de l'armement et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ont été saisies dans l'urgence par le ministère de la santé afin d'évaluer la fiabilité des millions de masques épargnés par l'incinération, et le résultat des tests se serait révélé favorable, permettant ainsi leur utilisation. Confirmez-vous ces informations ? Par ailleurs, au regard de la destruction massive des 616 millions de masques, comment expliquez-vous que seulement 100 millions aient été de nouveau commandés en 219, comme vous l'avez dit tout à l'heure ?

Étant moi-même pharmacienne, je confirme que nous avons été mobilisés pour la distribution des masques. Les 22 000 officines, réparties sur l'ensemble du territoire national, auraient pu distribuer de façon efficace les masques, mais nous avons été confrontés à des ordres et contre-ordres permanents. Nous avons été victimes de critiques, voire d'insultes, car nous avions des listes de professionnels à approvisionner avec des chiffres qui ne correspondaient pas du tout à leurs besoins. Comment expliquer, par ailleurs, que certains professionnels ne figuraient pas sur ces listes – je pense par exemple aux kinésithérapeutes, aux services d'aide à domicile ou encore aux services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ? Comment expliquez-vous, enfin, qu'on nous ait interdit de vendre des masques, même à des personnes très vulnérables, alors qu'un grand nombre d'entre nous en possédait ?

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