Dans les textes réglementaires relatifs aux restrictions de prescription, notamment pour l'hydroxychloroquine, il est fait référence à un avis du Haut Conseil de la santé publique du 24 mars 2020, mais l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé n'est pas mentionnée. Pourquoi n'est-ce pas plutôt l'ANSM qui a orienté les décisions gouvernementales sur l'hydroxychloroquine ?
Vous avez expliqué votre rôle dans la réorientation de la stratégie en parlant du plan ORSAN REB, qui vise notamment à s'adapter aux risques épidémiologiques, successeur du plan ORSAN EPI-VAC, qui comportait lui aussi des dispositions relatives aux épidémies et pandémies. Pouvez-vous nous expliquer ce que le plan ORSAN REB a apporté de plus ? En parcourant le plan ORSAN EPI-VAC, je n'ai rien trouvé concernant les masques ; dans le plan ORSAN REB, on trouve quelques éléments sur les stocks de masques FFP2 pour les établissements. Vous étiez conseiller à la sécurité sanitaire : faut-il comprendre que les masques n'apparaissaient pas dans ces plans comme un des pans de la sécurité sanitaire ?
Ma troisième question porte sur la différence, en matière de port du masque, entre le grand public et les soignants. Pourquoi n'a-t-on pas appliqué le principe de précaution ? Une étude du Lancet datant de 2003 montrait que les masques semblaient essentiels pour la protection, bien plus que les blouses, les gants et les désinfectants : pourquoi ne les a-t-on pas inclus comme éléments de protection ?
Vous avez commandé 100 millions de masques le 30 janvier, puis 28,5 millions le 7 février, si je me souviens bien des chiffres que vous avez donnés. La même semaine, l'OMS a considéré le nouveau coronavirus comme un risque pour la santé publique mondiale et, pour la première fois, on a parlé des patients asymptomatiques. Est-ce ceci qui a justifié l'augmentation de la commande de masques ? Pourquoi, le 19 février, alors que vous saviez qu'il y avait peu de masques, en a-t-on donné à la Chine par un pont aérien ?
Enfin, en République tchèque, le 19 mars, et en Slovaquie, en Slovénie et en Autriche, le 30 mars, on a recommandé le port du masque pour le grand public. Vous nous avez dit que l'OMS ne le préconisait pas : comment expliquez-vous que d'autres pays européens aient fait ce choix ? Vous-même avez déclaré le 29 février que le port du masque n'était pas la solution pour le grand public, puis, le 22 avril : « J'ai toujours plaidé pour l'accès aux masques grand public », ce qui me semble être une contradiction… Puisque vous êtes infectiologue et épidémiologiste, quel est votre avis à vous sur le port du masque grand public face aux risques épidémiques ?