Le plan EPI concernait la gestion des épidémies classiques, banales – gastro‑entérites, rougeole, etc. – et était mélangé avec un plan de vaccination massive, VAC. Le plan REB relève d'une autre approche, plus fine et mieux déroulée, celle de la gestion du risque épidémique et biologique par les soignants confrontés à des cas individuels à haut risque – Ebola, par exemple –, qui nécessitent des équipements complets de protection et une alerte précoce. Il a permis la prise en charge très satisfaisante des premiers cas, parfaitement diagnostiqués dans les établissements de santé de référence, mettant en lien infectiologues, épidémiologistes, biologistes et réanimateurs. Cette chaîne de prise en charge représente une véritable avancée, dans un établissement de santé de référence, équipé et pourvu d'une dotation spécifique, avec des infirmières et des aides‑soignants formés, des structures, des cadres de santé de référence et des exercices réguliers.
Sur les masques grand public, vous avez cité le Lancet de 2003, et moi celui de 2020. Ce qui est très compliqué, c'est que les études sur les masques associent souvent d'autres mesures barrières que sont, en particulier l'effet distance, supérieur à tout le reste. Qui plus est, le port du masque semble efficace dans ces études quand beaucoup de gens le portent, et tout le temps ; encore faut-il en prendre l'habitude. Est par ailleurs apparue la notion de patient asymptomatique, qui par la suite a été régulièrement discutée. Les expertises ont évolué : l'avis du Haut Conseil d'avril 2019 ne comporte pas de recommandations ; il n'y en a pas non plus de la part de l'OMS en 2019, pas plus que dans l'avis du 4 mars 2020 des sociétés savantes, ni le 14 mars 2020 dans celui du Haut Conseil. La priorité devait être donnée aux personnels de santé, selon l'Académie de médecine. Un débat scientifique s'est ouvert à la fin mars‑début avril au sein des CDC ( Centers for Disease Control and Prevention ) américains et de l'OMS. Les CDC européens laissaient entendre très prudemment qu'on pouvait tester le masque grand public, quand le Royaume-Uni ne le recommandait pas. Nous avons tenu compte de ce débat. Nous avons eu la chance d'avoir ce masque grand public, créé et produit en France, en tissu, lavable et réutilisable, que les Français se sont approprié. Si les Français s'emparent de ce nouveau geste barrière comme ils l'ont fait avec les solutions hydroalcooliques, nous aurons progressé.