Intervention de Jean-François Delfraissy

Réunion du jeudi 18 juin 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique covid‑19 :

Il est très difficile de répondre s'agissant de la date d'installation du conseil scientifique. Moi-même, j'ai réagi relativement tard, autour du 20 février. Quatre éléments m'ont alors alerté.

Tout d'abord, lors de la réunion à l'OMS à Genève, à laquelle j'assistais en ma qualité de président du Comité consultatif national d'éthique, j'ai été frappé de constater que les Chinois ne répondaient à aucune question de façon sérieuse, alors que soixante experts mondiaux des situations de crise étaient rassemblés.

Ensuite, j'étais bien informé de la situation en Italie du nord. Contrairement à l'image parfois véhiculée, l'Italie n'est pas moins développée que la France dans le domaine médical. Les équipes médicales y sont d'un excellent niveau, et les interactions avec les États-Unis sont meilleures que les nôtres. J'ai compris que s'ils étaient dépassés, nous le serions aussi.

Par ailleurs, les premiers retours de nos collègues réanimateurs faisaient apparaître une situation anormalement tendue à la fin février.

Enfin, les modélisateurs commençaient à fournir des éléments qui, sans être pris pour argent comptant, devaient être considérés et confrontés à la réalité du terrain.

Si nous avions été nommés quelques jours plutôt, aurions-nous été capables de transmettre des informations suffisamment fiables pour que le pouvoir politique prenne la décision d'un confinement de toute la population ? Parmi les autres pays européens ayant décidé un confinement, la France se situe à un niveau intermédiaire. N'oublions pas en outre que la France dispose de toute une série d'agences…

S'agissant du dépistage, nous avons appris à l'Élysée le 12 mars que le nombre de tests de diagnostics RT-PCR disponibles et réalisés chaque jour était de 3 000 à 4 000, alors qu'il était plus important en Allemagne. Nous avons plaidé pour l'augmentation du nombre de tests, et nous nous en sommes occupés de façon opérationnelle, mais il faut prendre en compte la réalité de nos capacités à ce moment donné. Une stratégie a été décidée entre le mois de janvier et le mois de février, elle ne permettait pas l'utilisation des tests de façon plus globale que le tracing des clusters – qui avait été parfaitement réalisé.

Arnaud Fontanet vous l'expliquera : nous aurions de toute façon connu la pandémie en France. Elle aurait peut-être été moins importante sans l'épisode de Mulhouse, probablement lié à des effets de supercontamination dont nous ignorions tout à l'époque.

Rappelons enfin que quatre grandes régions ont subi 70 % de la mortalité. De telles disparités territoriales se constatent aussi au Royaume-Uni, en Italie ou en Espagne. Les raisons de cette hétérogénéité ne sont pas connues, mais le confinement a certainement permis d'éviter la diffusion de la pandémie sur tout le territoire.

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