Intervention de Jean-François Delfraissy

Réunion du jeudi 18 juin 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique covid‑19 :

Il est difficile de porter un jugement sur l'utilité du conseil scientifique dont nous faisons partie. Ma carrière est faite, je suis un vieux monsieur. D'ailleurs, je me protégerai en cas de deuxième vague, et je n'ai pas encore physiquement revu mes petits-enfants.

Plusieurs éléments méritent d'être relevés. Tout d'abord, les membres du conseil scientifique n'ont pas de lien hiérarchique envers l'autorité politique ou les grandes instances, ce qui leur laisse une liberté de parole essentielle.

Ensuite, la multidisciplinarité du conseil, qui n'est pas si évidente dans la recherche française, permet un exercice d'intelligence collective. Il n'y a pas de grand sauveur, mais une intelligence collective. J'ai vécu cette expérience lors de la lutte contre le VIH, dans laquelle la communauté scientifique française a été au plus haut niveau. Cette organisation doit être perpétuée pour les maladies émergentes.

Les avis ou les notes que nous avons produits pouvaient répondre à une commande de l'État – comme au sujet des élections – mais nous avions aussi une faculté d'autosaisine, ce qui donne une liberté totale. Nous pouvions donc aborder n'importe quel problème, et le pouvoir politique devait réagir. Les agences de l'État doivent en revanche justifier leurs actions, leurs choix, et négocier les moyens qui leur seront alloués avec les ministères de tutelle. Ce n'est pas du tout notre cas.

Enfin, je trouve important que le conseil scientifique soit un organe éphémère. Si une deuxième vague venait à apparaître et que l'état d'urgence sanitaire était réactivé à partir de la fin du mois d'octobre, il serait sain que le conseil scientifique soit composé de personnes différentes. Deux ou trois membres pourraient assurer la transition, mais sur le fond, il faudrait une vision différente.

Dans les autres pays, les modèles ne sont pas les mêmes. L'Allemagne, État fédéral, a plus tenu compte des Länder. Au Royaume-Uni, une instance équivalente à la nôtre a été créée, mais son fonctionnement est moins transparent : la composition du comité scientifique n'était pas publique et il ne produisait pas de notes écrites. Nous avons rédigé un article pour le Lancet décrivant notre mode de fonctionnement pour le faire connaître internationalement.

Le sujet des rapports entre la capitale et les régions m'est cher. Un certain nombre de grandes décisions doivent être prises à Paris, puis modulées régionalement. C'est normalement le rôle des ARS, mais nous avons constaté des prises de position différentes des directeurs d'ARS sur certains sujets – les EHPAD sont un bon exemple – et nous avons signalé les disparités.

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