Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du jeudi 2 juillet 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Monsieur le ministre, vous nous avez expliqué que c'est le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale qui, en 2013, décide que des stocks de masques doivent être constitués dans les entreprises. Un chef d'entreprise employant mille, deux mille ou trois mille personnes était donc censé évaluer les besoins de masques en temps de crise : ce n'est pas son travail, il est incapable de le faire ! Et, dans les services de l'État, on ne prévoit pas de contrôler la mise en œuvre de cette nouvelle doctrine. Votre préfet de région, un grand préfet de la République, nous a dit qu'en réalité ce n'était pas prévu, alors qu'il est préfet d'une zone de défense. On a le sentiment que l'administration a fini par s'autogérer ! Vous venez de nous dire que c'est au ministre de la santé de veiller à l'état du stock stratégique. Or les auditions de Mmes Marisol Touraine et Agnès Buzyn nous ont plutôt donné le sentiment que l'administration a agi seule.

Vous avez rappelé à plusieurs reprises, et je crois que c'est très important, que vous avez bénéficié du soutien du Président de la République au moment de la constitution de ces stocks de masques. Bien que Jérôme Salomon ait alerté le futur chef de l'État de ce problème dès 2016, entre 2018 et 2020, on a mis 600 millions de masques hors service et on n'en a recommandé que 100 millions. Tout cela est troublant !

Pour avoir présidé, avec mon ami Jean-Pierre Door, la commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1), je confirme que Mme Roselyne Bachelot n'a pas commis d'erreur : c'est le plan imaginé par le SGDSN de l'époque qui était absurde. Vous avez déclaré dans Le Monde qu'il y avait une volonté du SGDSN de prendre le pas sur le ministère et le politique et que vous vous étiez battu contre cela. Avez-vous le sentiment qu'à partir de 2013, c'est l'inverse qui s'est produit ? L'économiste de la santé Claude Le Pen parlait même du « rôle occulte » du SGDSN et y voyait un point décisif. Comme en 2010, s'agissant de la vaccination contre la grippe H1N1, il me semble que c'est du côté du SGDSN qu'il faut regarder : le politique devrait étudier la validité et l'opérationnalité des plans qu'il élabore. Les politiques ont-ils dirigé l'administration, ou bien l'administration s'est-elle fourvoyée ?

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