Intervention de Maxime Sorin

Réunion du mardi 7 juillet 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Maxime Sorin, conseiller technique pour UNSA santé sociaux :

Je suis infirmier en réanimation et représentant syndical.

La crise sanitaire est arrivée alors que les personnels soignants, économiques et administratifs de l'hôpital ou du secteur médico-social étaient déjà en grande difficulté, du fait de la perte de repères et du peu de considération qu'ils ressentaient. Ce sentiment était né, notamment, de la suppression, par la loi de transformation de la fonction publique, des CHSCT, qui ont pourtant démontré leur efficacité et leur utilité durant la crise. Est également en cause la politique managériale d'efficience, alors que, dans une activité qui traite l'humain, c'est l'efficacité qui doit primer. Enfin, il faut citer le manque de moyens humains et matériels que nous vivons au quotidien.

Sans précédent dans l'histoire sanitaire, la crise a révélé un hôpital en souffrance et mis en exergue les carences du système de santé tout entier. Elle a mis en évidence les difficultés entraînées par les politiques nationales d'austérité qui se sont succédé depuis plus d'une dizaine d'années dans les secteurs sanitaire, social et médico-social, causant des tensions importantes sur les moyens humains et des carences dans les stocks et flux de matériels de protection et de certains produits médicamenteux, par exemple les curares.

Tout cela nous conduit à nous interroger sur la place des groupements hospitaliers de territoires (GHT). Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), publié en janvier 2020, montre l'hétérogénéité des situations sur le territoire et questionne la capacité de réaction des directoires des établissements ainsi que celle de l'État stratège dans notre pays. Il a mis en avant la faculté d'adaptation et la réactivité de mes collègues, acteurs de terrain, non seulement à l'hôpital mais aussi dans les établissements médico-sociaux et sociaux, en particulier dans les EHPAD.

Permettez-moi de rendre hommage à tous ceux qui ont assuré la prise en charge de nos concitoyens dans des conditions de travail dégradées, au prix de leur santé, de leur vie privée, voire de leur vie. À l'heure où nous échangeons, les collègues avec lesquels j'ai traversé la crise sanitaire sont partis ce matin même en Guyane, pour aider d'autres soignants.

À ce stade, aucun bilan de la crise sanitaire n'a été présenté aux organisations syndicales de la fonction publique hospitalière. Le bilan de la crise du covid-19 fonction publique a été discuté en instance lors du dernier conseil commun, le 25 juin. Il m'apparaît néanmoins essentiel, compte tenu du fait que notre versant était et demeure en première ligne face à la crise sanitaire, qu'un bilan spécifique soit réalisé. Sauf erreur de ma part, très peu d'informations concernant la fonction publique hospitalière ont été communiquées lors du conseil commun.

Le bilan, pour être exhaustif, devra comporter des éléments quantitatifs et qualitatifs qui nous ont particulièrement manqué durant la crise. Il faudrait recenser les difficultés et les dysfonctionnements ; mettre en lumière les manques de moyens, en matériel de protection, en dispositifs médicaux, comme les respirateurs, ou en produits médicamenteux ; préciser le nombre de contaminations et de décès au sein de la fonction publique hospitalière – données d'autant plus fondamentales que la reconnaissance de la maladie professionnelle des agents atteints par la covid-19, dans notre versant, est en cours de finalisation juridique ; déterminer le nombre d'autorisations spéciales d'absence (ASA) délivrées soit en raison de la vulnérabilité de l'agent, soit pour garde d'enfants – étant entendu que des mesures ont été prises en la matière avec le ministère de l'éducation nationale et au plan local ; faire le point sur la mise en place du télétravail, sur le surcoût financier lié à la gestion de la crise pour les établissements, et sur le versement de la prime covid-19, en faisant apparaître sa répartition selon les montants prévus. Ce bilan serait extrêmement précieux et riche d'enseignements : cela nous permettrait de mieux appréhender la prise de décision en cas de nouvelle vague.

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