Intervention de Olivier Youinou

Réunion du mardi 7 juillet 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Olivier Youinou, co-secrétaire du syndicat SUD santé solidaires de l'AP-HP :

Nous avons vu lors de la crise, alors que l'exécutif nous faisait savoir qu'il fallait agir « coûte que coûte » et qu'il n'y avait donc pas de contrainte budgétaire, que les difficultés de l'hôpital persistaient en l'absence du matériel nécessaire. Je pense notamment au milliard de masques commandés en Chine mais jamais arrivés en France – j'ai cru comprendre qu'ils avaient été détournés sur le tarmac d'un aéroport, les Américains étant prêts à payer plus cher. Dans la mesure où la contrainte budgétaire ne pesait plus, les directions ont néanmoins été beaucoup plus à l'aise, et les équipes de soins aussi : elles pouvaient ne s'attacher qu'à ce qui doit être leur quotidien, à savoir procurer des soins en fonction des besoins. C'est une expérience très intéressante.

Je ne sais pas s'il doit, ou s'il peut y avoir des répercussions sur la gouvernance, mais j'ai constaté que nous partagions bien plus qu'avant au sein des équipes et des services. J'ai vécu un retour à ce que j'ai connu au début de ma carrière. Lorsqu'on était face à des cas difficiles, on prenait des décisions collectivement, en équipe. Les médecins écoutaient, quand il s'agissait de maintenir ou d'arrêter la thérapie, ce qu'avait à dire un infirmier venant de passer douze heures avec le patient. Revivre cela était plutôt positif.

Si l'on élabore une nouvelle gouvernance de l'hôpital, il ne faudra pas s'arrêter à l'étage médico-administratif. Il faudra intégrer tous les personnels, en particulier ceux qui sont les plus nombreux, et que nous représentons ici. Ils n'ont que des strapontins dans des instances où on leur demande leur avis sans en avoir, en général, rien à faire. Pour renforcer la démocratie sanitaire, il faudra beaucoup plus d'écoute et de partage avec l'ensemble des personnels, dans les centres décisionnels, mais aussi une meilleure représentation des usagers. Si on avait écouté les personnels et les usagers, on n'aurait pas fait de l'hôpital ce qu'il est aujourd'hui, et il serait resté présent dans l'ensemble du territoire, au plus près de la population, dans les bassins de vie.

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