Quand j'ai parlé de choix, il s'agissait du matériel. Je suis intervenu à plusieurs reprises à la suite de ce qu'on a entendu à la radio ou à la télévision : on n'a pas fait des choix s'agissant des patients. Il existe des critères préétablis en matière de réanimation, et tous les patients sont examinés. J'ai vu des médecins faire des semaines interminables, avec parfois trois ou quatre gardes de vingt-quatre heures par semaine, pour voir un maximum de patients dans les services covid-19, et des salles de réveil réquisitionnées pour servir de chambres de réanimation.
Accepter un patient en réanimation est un choix difficile et lourd de conséquences. Il y a, ensuite, tout un processus de réadaptation, également très difficile et très lourd. Si un patient n'entre pas en réanimation, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de lits, mais parce qu'il peut y avoir, par la suite, des conséquences très graves et qu'il est difficile de se remettre de deux semaines de réanimation : il y a beaucoup de médicaments et beaucoup de manipulations, le corps est en souffrance. Je n'ai vu, à aucun moment, en réanimation, un médecin se poser la question : « j'ai deux patients, je choisis lequel ? ». À mon sens, cela n'est pas arrivé, et je pense qu'il y aurait une levée de boucliers si cela devait se produire.
Il faut reconnaître le professionnalisme du personnel paramédical et médical. Chacun a pris ses responsabilités, en évaluant le bénéfice et le risque – c'est ainsi que l'on travaille en médecine. Il n'y a pas eu de choix sur le plan humain. Je me suis peut-être mal exprimé lorsque j'ai évoqué des choix.