Intervention de Clotilde Cornière

Réunion du mardi 7 juillet 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Clotilde Cornière, secrétaire nationale de la CFDT santé sociaux :

Nous avons appelé la prime covid la prime de la discorde car, avec les zones vertes et rouges, les 500 et les 1 500 euros mentionnés dans les premiers textes, l'application sur le territoire n'avait plus rien à voir avec la prime universelle pour tous des premières annonces du Gouvernement. Tous les professionnels de la santé ont connu un plan blanc dans les hôpitaux, un plan bleu dans les EHPAD ; tous ont dû revoir leur organisation de travail, ont été en stress, éprouvés dans leur vie professionnelle et personnelle. Les mesures ne correspondaient pas aux attentes. Commencer le Ségur dans ces conditions, avec une partie du personnel qui n'a plus confiance dans la gouvernance, c'est compliqué.

Nous avons, en outre, un problème de dialogue social. Les ARS sont hors sol, n'écoutent pas ce qui se passe sur le terrain, ne savent pas, ne veulent pas entendre. Quand on met en place un comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers (COPERMO) en pleine crise, il y a un problème. Il nous est arrivé, pendant la crise, d'être obligés d'appeler directement les délégations des ARS. Elles n'avaient aucune visibilité sur ce qui se passait dans les hôpitaux et les EHPAD ; nous étions obligés de leur dire. Elles n'ont pas, selon nous, joué leur rôle de remontée d'informations.

S'agissant du Ségur, nous pensons que, pour intégrer le privé, l'enveloppe normale – puisque nous avons découvert qu'elle devait être partagée avec celui-ci –, devrait être de 8 milliards pour pouvoir atteindre le socle de 300 euros attendu par les professionnels.

Dans les EHPAD, le problème est le manque de professionnalisation du personnel. Le défaut d'attractivité du métier pour les infirmières et aides-soignantes fait que les EHPAD manquent de personnel qualifié, ce qui a eu des conséquences dans la gestion de la crise. Sans formation, on n'a pas les bons gestes d'urgence, et cela a été un problème pour la prise en charge des personnes âgées qui étaient en train de mourir. Nous pensons qu'il faut un plan de formation du personnel des EHPAD. Ce n'est pas compliqué, pour devenir aide-soignante, il faut quatre modules, c'est quatre mois.

Nous avons demandé au ministère une gestion post-traumatique des personnels. Dans le Grand Est, nos équipes ont discuté avec les militaires, qui leur ont dit : « Quand nous rentrons d'une zone de guerre, nous avons un temps de récupération, pour se réhabituer à la vie familiale. » Notre personnel n'a pas cela. Nous n'avons pas été entendus, et aujourd'hui des collègues veulent quitter le métier, car ils ne veulent pas revivre ça.

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