Intervention de Gilles Gadier

Réunion du mardi 7 juillet 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Gilles Gadier, secrétaire fédéral FO santé :

Sur la prime covid, nous avons dit, dès que nous avons été informés par la DGOS de la disparité du versement, que c'était une erreur. En applaudissant les personnels hospitaliers, les gens n'applaudissaient pas ceux de tel ou tel département, région, établissement, mais l'ensemble des personnels qui faisaient front, y compris en manquant de matériel de protection et en ayant peur de ramener le virus à la maison et de contaminer leur famille. La prime aurait dû être unique pour l'ensemble des professionnels. C'est ce que nous avons essayé de dire au ministère, mais nous n'avons pas été entendus. Il est dommage de dépenser autant d'argent sans satisfaire ceux qui le reçoivent.

L'ONDAM fixe des objectifs, mais c'est une enveloppe fermée : si le coup de bistouri vaut tant en début d'année et qu'il n'y a plus d'argent à partir de tel mois, cela veut dire qu'il faut lisser sa valeur sur l'année. Dès lors, ce n'est plus du tout le même montant qui entre dans les caisses de l'hôpital. Comment les établissements hospitaliers peuvent-ils gérer cela, alors qu'on leur demande de faire des plans pluriannuels d'objectifs et de moyens, souvent sur cinq ans, d'engager virtuellement des dépenses et de faire des projets si, dans le même temps, on change les règles du jeu et on baisse les tarifs ? Autrement dit, ce sur quoi ils s'étaient appuyés pour élaborer leur contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens tombe à l'eau. C'est quasiment insoluble.

Les ARS ont confié la gestion des stocks de masques aux établissements de santé, sans leur en donner les moyens. Selon nous, on a transféré le déficit de la sécurité sociale sur les établissements de santé, notamment par la baisse des tarifs, alors qu'il n'a échappé à personne ici que les prix de l'électricité, du gaz, de la nourriture, du traitement du linge ont augmenté – malheureusement pas les salaires des hospitaliers. Il aura fallu, pour cela, l'épidémie de covid-19, alors que nous étions dans la rue depuis des années pour dénoncer la paupérisation des professionnels travaillant dans les hôpitaux.

S'agissant de la connaissance précise des stocks, nous avons bien posé des questions à chaque CHSCT national, mais nous n'avons jamais eu de réponse – ni sur les stocks, ni sur les flux, ni sur les commandes, ni sur le nombre de personnels contaminés ou décédés ; sur rien ! Nous avons également demandé, dans le cadre du CHSCT, la mise en place de cellules de crise post-traumatiques – on comprend aisément que ceux qui ont pris des risques ont vécu des situations émotionnelles qu'ils n'ont pas nécessairement appréhendées immédiatement, mais qui nécessitent une prise en charge à un moment donné.

On a le sentiment que si les tests n'étaient pas obligatoires, c'est parce qu'on ne pouvait pas les faire. Maintenant qu'on peut les faire, ils sont très vivement recommandés dès que nous avons des symptômes. C'est la même chose pour les masques. On nous a même expliqué qu'il fallait être un technicien pour le porter, parce que s'il était mal posé, ça pouvait être plus grave que si on n'en mettait pas. Sans vouloir lancer de polémique, on cherche toujours comment on peut se débrouiller…

S'agissant de la prime covid, je veux vous donner un exemple très concret. Un technicien supérieur hospitalier biomédical, qui intervient sur les générateurs d'hémodialyse ou sur les respirateurs et qui a travaillé pendant la crise dans les chambres des malades atteints du covid-19, n'est pas éligible à la prime de 1 500 euros, le ministère ayant fixé un quota de 40 % maximum de personnels d'un établissement pouvant percevoir cette somme. Les directions ont donc dû faire des choix, alors que ce n'était pas à elles de le faire. C'est terrible de leur avoir ainsi renvoyé la balle.

Quant aux ARS, non seulement elles n'ont pas joué leur rôle – si cela ne tenait qu'à nous, les ARS n'existeraient pas –, mais de surcroît elles se permettent de faire des réserves prudentielles, la seule variable d'ajustement étant toujours la même : les effectifs. Nous sommes contents d'apprendre du ministre de la santé que le Ségur va permettre d'inverser la tendance puisque des personnels vont être recrutés, mais nous considérons que le compte n'y est toujours pas. On ne fait pas tous les mêmes calculs : pour parvenir à une revalorisation de 300 euros que revendique l'ensemble des personnels, il faut bien plus que 8 milliards.

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