Intervention de Olivier Youinou

Réunion du mardi 7 juillet 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Olivier Youinou, co-secrétaire du syndicat SUD santé solidaires de l'AP-HP :

Fort heureusement, même si l'activité a été affectée par la crise, nous avons continué à prendre en charge des patients non atteints par le covid-19. En France, d'ordinaire, on enregistre chaque jour 500 décès de maladies cardio-vasculaires et 502 morts de cancers. Nous avons commencé à nous inquiéter lorsque les files d'attente se sont allongées pour des gestes diagnostics, comme les coloscopies digestives. Elles restent longues, ce qui constitue, à l'évidence, une perte de chances. Les soignants ne sont pas au repos aujourd'hui, au contraire. Les discussions dans les services ont lieu pour savoir s'il sera possible de donner leurs congés annuels à l'ensemble des soignants. Certains renforts sont maintenus, car la reprise d'activité est importante.

Pendant la crise, nous nous sommes demandé pourquoi les douleurs thoraciques avaient miraculeusement disparu, alors qu'elles représentaient 75 % de l'activité du SAMU. On peut entendre que la traumatologie ait diminué, mais que sont devenues les maladies cardiovasculaires ou les AVC ? Certains patients nous disent aujourd'hui qu'ils ne sont pas venus à l'hôpital durant le confinement par peur d'être infectés par le covid-19. S'agit-il d'une perte de chances ? On ne peut pas le dire encore, mais il faudra y être attentif, car ce sont des décès et des complications, qui s'ajouteront au bilan de la crise.

J'apprends avec tristesse qu'une éventuelle deuxième vague arrive. Je ne sais pas si nous sommes davantage prêts à l'affronter que la première. Il est dramatique, considérant la situation dans laquelle nous sommes – complètement à plat –, de devoir, dans les semaines qui viennent, nous demander le même effort, voire un effort plus intense, alors que les équipes n'ont pas été renforcées. C'est d'autant plus inquiétant que nous ne savons pas comment le virus se répandra sur le territoire, s'il y aura encore des poches libres de covid-19, comme la première fois.

Le flux de patients est là : il est fort. Nous essayons de le gérer, malgré la fatigue, l'exaspération et le sentiment de ne pas avoir été entendus, une fois de plus.

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