Si l'on devait s'interroger sur la façon de construire une dynamique de santé, je préconiserais de s'appuyer sur les territoires, sur un projet coconstruit avec l'ensemble des acteurs de santé pour contractualiser leur rôle. Dans notre pays, nous avons une vision descendante des choses. Une coordination entre les acteurs, qu'il s'agisse des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des acteurs publics et privés du sanitaire, du médicosocial et des personnels à domicile suppose que chacun précise ce qu'il a la capacité d'entreprendre et définisse les besoins de la population du territoire. Acceptons cette logique de responsabilité populationnelle des acteurs de santé du territoire sur la base d'un contrat. Par exemple, nous proposerions de supprimer les autorisations ; il suffirait de contractualiser avec les acteurs de santé sur ce que l'on attend d'eux.
S'agissant de la prise en charge dans les EHPAD, les professionnels sont intervenus à la mesure de leurs effectifs et du matériel qui leur ont été fournis. Les exemples ont été nombreux de professionnels qui se sont mobilisés, si ce n'est qu'ils étaient relativement démunis. On peut comprendre la logique du confinement en chambre, mais cela suppose d'augmenter le personnel pour être y assurer le service des repas. Or, la réserve sanitaire a très peu bénéficié au secteur médicosocial. Les effectifs en EHPAD, qui ne sont jamais pléthoriques, n'ont pas été renforcés alors qu'ils ont supporté une charge de travail largement accrue.
Par ailleurs, la doctrine du port du masque a été établie à hauteur de cinq masques par semaine et par place ; autrement dit une absence de moyens de protection des professionnels comme de protection des personnes vulnérables à l'égard des professionnels éventuellement atteints. C'est bien de cela qu'il s'est agi : les visites de l'extérieur étaient interdites, mais des professionnels n'étaient ni en mesure de se protéger ni de protéger les autres.
Le lien entre EHPAD et hôpital était assez dépendant des modes de collaboration préexistants ; lorsque des habitudes de travail étaient déjà instaurées entre eux, les choses se sont mieux passées. Je rappelle toutefois que le plan bleu qui a été activé dans les EHPAD comprend l'articulation avec l'hôpital. Globalement, les échanges entre les équipes sanitaires et les équipes du médicosocial ont permis de déterminer la meilleure réponse à apporter au regard de l'état de santé des personnes. Nous savons les uns et les autres que ce n'est pas en arrivant sur un brancard aux urgences qu'une personne en fin de vie sera la plus apaisée. Il faut donc s'interroger sur le lieu le plus adapté. Une mobilisation autour des équipes mobiles gériatriques et de soins palliatifs s'est organisée pour gérer au mieux la réponse apportée à ces personnes.