Je précise que nous n'avons eu aucune remontée de non-transfert de personnes âgées à l'hôpital lorsque ce transfert était raisonnablement nécessaire.
J'en viens à la prise en charge globale. Le problème est venu du manque d'équipements de protection dans le milieu médicosocial. Cela a conduit à prendre des décisions très fermes sur le confinement des personnes âgées, et donc l'interdiction des visites des proches. Avec des équipements de protection, les visites auraient été possibles comme elles l'ont été en sortie de crise grâce aux tenues fournies aux familles, à l'encadrement par les professionnels, à la limitation de la visite dans le temps et au maintien des distances. L'absence de visites a été très préjudiciable à bien des personnes âgées qui ont glissé dans des dépressions sévères, parfois fatales en raison de leur grand âge et de leur fragilité.
Il en a été de même pour le secteur du handicap. Le confinement a concerné les personnes en internat dans des établissements comme les maisons d'accueil spécialisées pour adultes et les personnes vivant à domicile, sans aucune activité d'animation, ludique ou intellectuelle. Tant en établissement qu'à domicile, elles se sont retrouvées dans des situations favorisant les montées de tension liées à leur inoccupation. Je n'apprendrai à personne que confiner un autiste avec ses parents dans quarante mètres carrés est une situation compliquée, surtout lorsque cette personne est habituée à un accompagnement dans la journée par des professionnels et des éducateurs. Des équipements de protection en nombre suffisant auraient permis de maintenir les activités de ces personnes handicapées, que ce soit à leur domicile ou dans les établissements.
Les enfants confiés à l'aide sociale à l'enfance se sont aussi retrouvés enfermés soit dans des maisons d'enfants à caractère social, soit dans les familles d'accueil, et privés de toute activité. Quand on connaît le profil de ces enfants qui sont parfois atteints de troubles de comportement, le confinement s'est accompagné de grandes difficultés. En ce sens, la prise en charge qui a privilégié la santé physique à la santé globale a été préjudiciable. Je souhaite qu'il n'y ait pas d'autre crise, mais s'il devait y en avoir une, j'espère que les stocks de matériels de protection seront anticipés.