Intervention de Lamine Gharbi

Réunion du mercredi 8 juillet 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FPH) :

Près de 50 % des charges du secteur privé ont été compensés par l'État, les autres 50 % relèvent d'un budget global ou de dotations. À ce jour, nous avons été compensés à hauteur de 85 % et nous attendons que le lien se fasse entre l'assurance maladie obligatoire et l'assurance maladie complémentaire afin de couvrir les quelques pour cent manquants. Nous demandons une compensation totale dans la mesure où la totalité de nos charges ont été dépensées, la compensation étant calculée sur la base de l'année n -1.

La prime covid a été attribuée entre le public et le privé de façon équitable, en similitude parfaite, ce qui ne fut pas simple. Sur quarante départements, les salariés ont tous reçu 1 500 euros, ceux des départements non touchés par le covid 500 euros ; ceux qui ont fait « la semaine des quatre jeudis » avec plus de quinze malades ont reçu 1 500 euros. J'utilise cette formule parce qu'il s'agissait des quatre jeudis du mois d'avril qui, cette année, en a compté cinq.

Nous avons envoyé plus de mille infirmières en région Île-de-France où elles ont travaillé dans les services de réanimation pendant trois semaines ou trois semaines et demie. N'ayant pas travaillé un mois, elles n'ont pas reçu la prime. Je pense que ce point sera corrigé, mais cela fait partie des petites choses qui agacent.

On peut, en effet, parler de la régulation qui adresse 98 % des patients à l'hôpital public. C'est un fait historique que je déplore depuis des années, mais c'est malheureusement une réalité. Le SAMU et les pompiers transportent les patients à l'hôpital public alors que le privé dispose de services d'urgence autorisés, susceptibles également de les accueillir. Je n'entrerai pas dans les polémiques qui prétendent que certains patients sont refusés par nos services d'urgence. Ceux-ci appliquent une charte de non-refus pour précisément mettre en avant les difficultés qui pourraient exister dans certains territoires. Je ne dis pas que tout le monde est en phase ou respectueux des droits et des devoirs, mais ce sujet fait l'objet d'un combat que mène la fédération pour accueillir à parité les patients régulés par le SAMU. Au cours de la crise covid, une articulation équilibrée s'est opérée dans les territoires. Les hôpitaux étant saturés, il fallait bien trouver une solution de repli, et nous étions là.

Bien entendu, si j'avais eu l'obligation ou même seulement eu connaissance d'une obligation formelle de constituer un stock de masques pour protéger mes salariés et mes patients, je l'aurais fait. Un stock de 50 000 masques permet de passer une semaine ou un mois de pandémie pour un montant de 50 000 euros. Cette somme n'est pas rédhibitoire au regard du chiffre d'affaires et de l'ensemble des dépenses de pharmacie à usage unique. D'évidence, nous l'aurions fait, de la même façon que nous avons l'obligation d'avoir deux respirateurs, un respirateur de secours ainsi qu'une double ou triple unité de production d'oxygène. Nous respectons nos obligations. J'occupe la fonction de président de fédération, mais je suis également présent sur le terrain auprès de mes directeurs. Si j'avais reçu la moindre alerte ou si mes directeurs m'avaient mis en garde contre l'absence de stock de masques, j'y aurais été vigilant, mais personne n'a évoqué ce sujet. On peut toujours avoir des remords, mais je ne me sens pas du tout responsable, parce que personne n'a évoqué cette obligation.

Nous avons, bien sûr, accompagné nos patients en soins palliatifs. Madame Wonner, vous avez indiqué qu'au titre de la régulation, le secteur public prenait en charge le covid et le privé les patients non atteints. Des accords ont été passés, si ce n'est que les patients ne consultaient pas. Faute de patients, l'hôpital privé ne pouvait avoir une activité normale. Il serait intéressant de se pencher sur les taux d'activité pendant la crise et les taux de reprise. D'aucuns disent avoir travaillé 20 ou 30 % de leur temps, mais personne ne le sait. Nous le saurons lorsque nous étudierons les données du système d'information de l'activité et le programme de médicalisation. Si des accords ont été passés sur les territoires, l'opérabilité n'a pas été forte.

Dans le domaine de la psychiatrie, l'hôpital de jour et le SRR ont cessé leur activité mais ont compensé par des consultations en visioconférence, que je crois être un outil d'avenir.

Sur les questions techniques de l'hospitalisation à domicile et du Rivotril, je ne dispose pas d'éléments chiffrés. Je me limiterai à dire que nous avons fait appel à l'hospitalisation à domicile. Je gère une unité d'HAD et je tiens à saluer les équipes sur le terrain. Leur travail n'a pas été facilité car nos concitoyens considéraient que les personnes en contact avec les patients devenaient immédiatement radioactives ! Je salue ces femmes et ces hommes qui ont œuvré sur le terrain, sans rien lâcher, pour secourir nos aînés plus particulièrement et les personnes en fin de vie.

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