Intervention de François Braun

Réunion du mercredi 15 juillet 2020 à 11h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

François Braun :

Les SAMU-centre 15 sont un service médical hospitalier accessible depuis l'ensemble du territoire. Lorsqu'une personne compose le 15, elle est mise en contact avec un assistant de régulation médicale. Ce professionnel, qui a bénéficié d'une formation de 1 650 heures, note les données administratives – lieu, âge – et pose quelques questions pour évaluer la gravité et prioriser l'appel. Il le bascule ensuite vers un médecin régulateur généraliste ou vers un médecin régulateur urgentiste. Celui-ci, aidé éventuellement d'un contact en visio, dresse un diagnostic téléphonique et propose un parcours de soins adapté. La réponse ne sera pas la même dans un secteur rural de Moselle ou dans le centre de Paris, mais elle sera adaptée. Il existe une symbiose entre la régulation médicale généraliste et la régulation de l'aide médicale urgente.

Dans l'immense majorité des cas, le lien avec les sapeurs-pompiers est formalisé par des liens directs sur des lignes téléphoniques dédiées. La brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) dispose d'une ligne rouge qui permet de ne pas passer par l'entonnoir du 15.

Dans notre fonctionnement, il y a un avant-covid et un après-covid. Nous avons répondu aux prescriptions du pacte de refondation des urgences concernant le SAS. Les exigences sont très précises : 99,95 % des appels doivent être décrochés, 99 % dans les 30 secondes. Ces critères internationaux ne sont quasiment assurés par personne. Le principe est qu'un assistant de régulation décroche et oriente très rapidement l'appel après avoir noté seulement le motif et deux signes cliniques. Nous avons créé une filière dédiée au covid.

Pendant la première période de pic, les appels relevant de l'aide médicale urgente n'ont pas trop augmenté ; ils ont pu être traités très rapidement. Les appels qui relevaient de l'inquiétude – fièvre, toux – ont été triés à part et pris dans l'ordre. Au besoin, des salles ont été rajoutées pour accueillir les répondants. Les autocommutateurs de l'hôpital ont pu être utilisés pour éviter la saturation des lignes. Une étude de l'équipe de Nantes, en cours de publication internationale, montre que la mise en place du N1 a amélioré de façon très significative la qualité de service, que les appels aient été décrochés dans les 20 secondes ou dans la minute.

Certains SAMU, comme celui de Paris, ont testé le serveur vocal interactif, tout en continuant bien sûr à privilégier les lignes directes, en particulier celles utilisées par les sapeurs-pompiers.

Le lien, naturel, entre la médecine de ville et l'hôpital nous a permis de passer le cap. En Moselle, nos collègues généralistes ont spontanément apporté leur aide dès le début de la crise. De la même manière, le directeur départemental des sapeurs-pompiers, avec lequel j'entretiens d'excellentes relations, a mis à notre disposition médecins et infirmiers régulateurs, qui ont été très utiles pour la prise en charge des bilans. Cette symbiose fonctionne si bien que nous sommes désormais en mode SAS en Moselle.

Il faut être très clair : il n'y a jamais eu la moindre consigne indiquant de ne pas hospitaliser des patients des EHPAD. Tous les jours, nous évaluons dans nos services d'urgence et en régulation médicale le rapport bénéfice/risque d'une réanimation pour les personnes âgées : une personne grabataire, en mauvais état général, ne bénéficiera jamais d'un séjour en réanimation car elle en mourrait, et dans de très mauvaises conditions. D'ordinaire, nous opérons ce type de choix deux à trois fois par jour ; durant la crise, c'était de vingt à trente reprises que nous avions à prendre une telle décision, sans jamais nous départir de nos principes éthiques.

Les EHPAD ont organisé, avec notre concours et celui des médecins généralistes, des secteurs covid et des secteurs non-covid. Il était préférable pour leurs patients de rester dans leur établissement, avec une couverture médicale organisée par nos collègues de ville. La prise en charge a pu paraître un peu confuse, mais si vous interrogez les soignants des EHPAD dans le Grand Est, ils vous diront la même chose : dès lors que l'hospitalisation pouvait être bénéfique à une personne âgée, elle ne faisait pas l'objet d'un refus.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.