Nous devons nous entendre sur la dénomination des phénomènes : il y a des pics d'activité, des pics d'appels et des vagues. À l'heure actuelle, on parle d'une deuxième vague qui pourrait arriver. En réalité, le phénomène auquel nous avons été confrontés ne s'est pas manifesté de façon homogène sur le territoire français : certaines régions étaient touchées en avance par rapport aux autres et on a constaté notamment que ce qui pouvait s'observer dans la région Grand Est allait l'être ailleurs peu de temps après. Des équipes de chercheurs mis en évidence qu'il y avait eu précocement, aux alentours du 13 mars, un pic d'appels en région Île-de-France. Ce pic d'appels ne s'est traduit ni par le transport de patients à l'hôpital, ni par l'hospitalisation de patients graves en réanimation : à ce moment-là, le virus circule et certaines personnes toussent et ont un peu de fièvre, mais on ne constate pas de symptômes graves. Dix jours après commence un deuxième pic – et non une deuxième vague, j'insiste sur ce point – marqué par un grand nombre d'appels nécessitant que toutes les mesures dont vous a parlé François Braun tournent à plein régime, avec une multiplication des canaux pour recevoir les appels, des personnels et des organisations mises en place. Parallèlement, on voit croître le nombre de transports, de patients pris en charge et de patients hospitalisés en réanimation.
En analysant ces éléments a posteriori, on constate que le signe le plus sensible, a été l'augmentation des appels pour les patients peu graves qui avait précédé de quinze jours la quasi-saturation des lits de réanimation. Comme les épidémiologistes ont pu le vérifier, quinze jours après le pic d'appels, les services de réanimation peuvent se trouver surchargés par l'arrivée de multiples patients graves, ayant probablement deux origines : d'une part, des patients graves immédiats, parce qu'il y a de plus en plus de cas, donc statistiquement plus de patients graves à prendre en charge ; d'autre part, des patients qui ont présenté une infection bénigne au départ, mais qui s'est brutalement aggravée vers le huitième jour. Si je vous explique cela, c'est pour vous faire comprendre que les adaptations auxquelles nous avons procédé ne visaient pas à gérer la prochaine crise ou la prochaine vague, mais à gérer la cinétique de la vague en cours, durant laquelle ont alterné plusieurs crêtes et zones de plateau.