Intervention de Jean-Emmanuel de la Coussaye

Réunion du mercredi 15 juillet 2020 à 11h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-Emmanuel de la Coussaye :

Pour ce qui est des respirateurs, nous avons bien obtenu les modèles qu'il nous fallait et nous avons simplement été confrontés à quelques problèmes en termes de quantité : nous avions anticipé nos besoins mais, pour des raisons bien compréhensibles, l'État nous a pris la moitié de nos commandes. En tout état de cause, il s'agissait de respirateurs supplémentaires, puisque nous étions passés de trente et un lits de réanimation à quarante-six lits, tous complètement équipés : nous disposions de quarante-sept respirateurs lourds, dits de réanimation, ainsi que d'autres respirateurs plus légers, prévus pour upgrader la surveillance continue. Nous avions prévu que les malades ayant passé la période difficile soient transférés à la surveillance continue, avec des respirateurs moins sophistiqués.

Pour ce qui est des produits anesthésiques, l'État a pris les choses en main. Ceci, qui nous a un peu inquiétés au départ, mais les choses se sont en fait bien passées, en tout cas chez nous, où nous n'avons jamais manqué de midazolam ni de propofol. Nous avions même une bonne vision sur les semaines à venir, étant précisé que nous avions mis de côté l'activité programmée pour nous concentrer sur les urgences. Nous nous étions également organisés de façon à ne pas être confrontés à une pénurie d'anesthésiques halogénés – je précise que tous les services de réanimation sont équipés de vaporateurs permettant de pratiquer une sédation à partir de gaz halogénés et d'économiser ainsi les autres produits anesthésiants.

Pour ce qui est des EHPAD, en tant que directeur médical de crise, 50 % de mon temps a été consacré aux problèmes survenant dans ces établissements. Au sein du CHU de Nîmes, le centre de gérontologie de Serre-Cavalier, qui comprend un EHPAD et propose des services de soins de longue durée (SLD), compte 520 lits. Quand un cluster a été constaté dans cet établissement, nous avons dû faire face à une situation très compliquée, qui a nécessité de transférer 130 personnels médicaux et paramédicaux pour renforcer la capacité de soin de cet hôpital et y constituer des zones à haute densité virale (HDV), médicalisées au même niveau que le reste du CHU. Tous les matins, un staff associant le service des maladies infectieuses du CHU et les médecins responsables des HDV se réunissait en visio ou en audioconférence afin de décider des transferts de malades à effectuer. Cela explique qu'aujourd'hui les hospitaliers soient fatigués même dans des zones comme la nôtre, qui n'ont pas connu des situations comparables à celles de Paris, de l'Île-de-France ou du Grand Est, mais qui ont fourni un grand nombre de médecins en renfort dans d'autres régions, et dans des disciplines qui n'étaient pas forcément les leurs – y compris en ce qui concerne le personnel paramédical.

Je précise que la situation est toujours tendue, parce que les interventions programmées qui ont été repoussées sont maintenant devenues urgentes. Nous prions donc le ciel pour que la deuxième vague arrive le plus tard possible, et surtout pour qu'elle soit la moins forte possible. Dans ce contexte, le port du masque me paraît une très bonne chose, et je dois dire que les images de rave parties que l'on a pu voir à la télévision m'ont fait froid dans le dos.

Enfin, pour ce qui est du Rivotril et des GIR, il n'y a eu chez nous aucune prescription téléphonique par les médecins régulateurs. Conformément aux instructions du ministère – nous avons reçu durant la crise un très grand nombre de MINSANTE et de messages d'alerte rapide sanitaire (MARS) –, nous avons créé une cellule d'appui gériatrique à l'échelle territoriale, ainsi que des cellules d'appui à l'organisation des soins palliatifs et un comité d'éthique pouvant intervenir en renfort en cas de besoin – ce qui n'a pas été le cas. En tout état de cause, les malades qui avaient besoin de quitter leur EHPAD pour être transférés dans des services hospitaliers – notamment les services de maladies infectieuses – ont pu le faire, même si nous avons effectivement essayé de les garder le plus possible sur place, dans la mesure où nous nous étions organisés médicalement, paramédicalement et architecturalement en constituant des zones à haute densité virale.

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