Intervention de Marc Léone

Réunion du mardi 28 juillet 2020 à 11h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Marc Léone, secrétaire général adjoint de la société française d'anesthésie et de réanimation (SFAR) :

Le nombre de malades covid décroissait régulièrement et nous envisagions de fermer les unités de réanimation spécifiques à la fin du mois de juin. En fait, ces unités n'ont pas fermé, elles sont restées ouvertes avec peu de patients. Nous avons accueilli quelques cas importés de personnes rapatriées en France, mais nous ne notons pas une explosion de nouveaux cas et les nouveaux cas semblent moins sévères que lors de la première vague. Le problème est que l'activité non liée au covid-19 explose, en raison du rattrapage de la chirurgie oncologique et de tous les patients chirurgicaux lourds, et d'une reprise inquiétante de l'activité traumatologique ; nous recevons un grand nombre de traumatismes de voie publique ou d'agressions. Si l'épidémie de covid-19 venait à empirer, il serait très difficile de concilier les deux activités.

Le mode d'organisation en région PACA a bien fonctionné, avec un médecin réanimateur à la tête de l'organisation régionale pour répartir les patients dans toutes les unités. Je partage l'avis de Patrick Pelloux, il faut en finir avec les clivages entre le privé et le public. Tous les établissements de santé ont la même mission et doivent travailler la main dans la main : c'est ce qui s'est passé pendant la crise. Ayant bénéficié d'un petit délai d'adaptation par rapport à d'autres régions, nous avons pu gérer la crise avec sérénité, en répartissant les patients, dont le nombre a été important, sur tous les établissements capables de les accueillir, en distinguant des établissements consacrés au covid-19 et les autres.

Pour nous préparer à une nouvelle pandémie, nous devrions nous demander si nous avons bien géré les patients qui n'étaient pas atteints du covid-19. Peut-être aurait-il fallu maintenir d'autres activités, notamment celles oncologiques.

Nous prônons donc une organisation très médicale, avec une direction régionale et des antennes départementales.

Vous avez parlé de triage à propos de la prise en charge des personnes âgées, mais le triage est le quotidien des réanimateurs. Ce triage est normal, encadré par des recommandations de sociétés savantes, et la réanimation n'est pas forcément le lieu où l'on doit venir mourir. C'est un lieu où l'investissement sur le patient est fort, pour lui donner une possibilité de sortie avec une qualité de vie conforme à sa demande. Il faut d'abord que le patient soit d'accord pour entrer en réanimation, et ce n'est pas le cas de tous, notamment des sujets très âgés.

Il n'y a pas eu de triage spécifique pendant le covid-19, sauf peut-être dans quelques établissements du Grand Est. Nous n'avons jamais eu à faire un triage sur le critère de l'âge, nous nous en sommes tenus aux critères habituels : la volonté du patient et le bénéfice de la réanimation par rapport au risque et à la pénibilité de cette hospitalisation. Je le rappelle, durant le pic épidémique, les familles n'avaient pas accès aux hôpitaux, ce qui signifie que des patients en réanimation sont parfois décédés après un long séjour, dans l'isolement le plus total, entouré du seul personnel médical pour lequel ce fut une épreuve très difficile.

Il ne faut pas considérer le triage de manière négative, c'est une activité routinière pour nous. L'accès à la réanimation n'est pas élitiste : la moyenne d'âge des patients y est de 65 ans, et la majorité des patients a entre 65 et 80 ans mais il faut toujours en espérer un bénéfice pour le patient.

Les transferts ont été faits de manière réfléchie, avec des anesthésistes réanimateurs et des infirmiers anesthésistes diplômés d'État (IADE). Cette solution a permis de passer le cap difficile de la crise dans le Grand Est.

Nous sommes moins concernés par le numéro unique de santé, mais nous sommes solidaires de nos collègues urgentistes. L'accès à l'hôpital et à la réanimation ne doit pas être automatique. Nous sommes favorables à un numéro unique, avec une médicalisation de l'appel et une utilisation rationnelle des établissements de santé.

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