Je vous remercie tous, et à travers vous les professions médicales que vous représentez, qui ont vécu la dimension tragique de cette « guerre » en première ligne et sauvé un grand nombre de vies.
La mission d'information s'intéresse d'abord aux faiblesses de notre système, afin d'éviter que nous en pâtissions à nouveau. Il a tenu, certes, mais à quel prix ? N'est‑ce pas au prix de l'arrêt de toute activité, du non Covid-19 et tout particulièrement de l'oncologie, ce qui peut avoir de très graves conséquences sur le long terme ? N'a-t-il pas tenu en raison du tri, ou plutôt de la régulation, des patients à l'entrée en réanimation ?
S'agissant de leur âge, la direction générale de l'offre de soins (DGOS) et la direction générale de la santé (DGS) nous ont, à ma demande, communiqué un tableau qui montre très clairement que pour la France entière, mais plus encore pour l'Île-de-France, la proportion de patients de plus de 75 ans admis en réanimation s'est effondrée. Avant la crise, en 2018‑2019, cette tranche d'âge représentait entre 25 % et 30 % du total des patients. Or au moment du pic de l'épidémie, soit du 30 mars au 15 avril, ce pourcentage est tombé à 14 %, et même à 6 % en Île‑de‑France. Je m'interroge.
Alors que les personnes âgées ont été beaucoup plus touchées que les autres par le virus, on en a retrouvé une proportion plus faible que d'habitude au sein des services de réanimation : quelle appréciation portez-vous sur ces chiffres ?
Docteur Ricard-Hibon, votre position s'agissant des pompiers, qui selon vous n'auraient pas pris en charge les malades atteints de la Covid-19, me surprend : le conflit entre « blancs » et « rouges » paraît un peu dérisoire, tout comme celui qui a opposé certaines communautés scientifiques à propos de la liberté de prescription et des traitements. Dans mon département par exemple, les pompiers les ont naturellement pris en charge. Vous participez tous à une chaîne de secours et ces appréciations, apparemment éloignées de la réalité, semblent bien inutiles.